Prendre le temps. Prendre le temps d’écrire. De paresser un peu au lit le matin. De se dire que c’est bon. C’est bon le soleil, c’est bon cette fatigue là, c’est bon de travailler de ses mains – même si je ne suis qu’une crevette pas très douée.
Voilà. J’ai des problèmes avec mon ancienne employeuse, vous savez, elle me doit encore un paquet d’heures. Mais je m’en fous, au fond. Elle s’est bien foutue de ma gueule, mais c’est fini maintenant. A moins que je reçoive encore des courriers d’insultes. Alors, « quel est donc votre degré d’intelligence et de réflexion ? » Bien, je ne sais pas mademoiselle ; celui sans doute d’un escargot qui fait la course avec une limace, ou celui d’une huitre qui fabrique sa pierre précieuse – elle réfléchit pas, mais ça s’arrache à des prix fous.
Y’a le soleil dans mon univers, je crois que j’ai enfin réussi à l’inviter un peu par ici. Ouais, pour arrêter l’obscur, stopper le noir et blanc et se remettre un peu à la couleur, à tâtons.
Alors évidemment je ne sais plus quoi répondre. C’est ma gourmandise qui prend le dessus, je croque, je m’en prends plein les yeux, je profite, enfin, vraiment. Alors je ne peux pas savoir quoi répondre, je ne réponds pas plutôt que de dire une connerie. Voila sans doute en quoi j’ai grandi. J’ai grandi parce que j’ai passé quinze jours à m’occuper d’une vieille emmerdeuse, alors j’ai appris à profiter de chaque bon moment comme si je croquais un ptit bonbon. Je veux arrêter de compliquer les choses. Je vis, je prends, je donne, je profite et puis c’est bon, c’est bon et ça me suffit ; je ne veux rien de plus que ça : la lumière dans le cœur et l’étincelle dans les yeux, la douceur d’un au revoir et puis le gout âcre du ce soir je suis avec mes potes, mais c’est pas grave, ça t’a fait du bien aussi en fait.
Ouais, ça va, c’est doux, c’est
bon. Les heures passent. A un rythme étrange. La vie défile mais tu t’en
saisis, enfin ; tu te rends compte que t’as cessé de subir pour prendre.
Et tu prends vraiment ton pied.
T’as même plus ce stress qui te nouait la gorge te serrait le ventre, cette peur permanente de l’avenir ; tu t’en fous, c’est une grande farce, et y’a que ceux qui ne savent pas que ça n’est qu’un jeu qui le prennent vraiment au sérieux.
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