Une soirée chez toi. Faire la cuisine. Y mettre les deux mains. Trouver ça… bon. T’allumer une chicha, avec un petit thé marocain. Ecouter Jack Johnson. Réfléchir. A ce que tu as écrit, à ce que tu as dit, à ce que tu as fait. Il parait que tu lui as carrément gerbé dessus. Bravo ma fille, la grande classe – au moins t’es sûre qu’il n’y reviendra pas, celui-ci. Et puis ça te fera un bon « j’ai déjà » quand tu joueras. C’est toi qui es à gerber pourtant. Désolée mon gars.
Le tabac. Oui évidemment ça détend. Ca détache ? Ca t’oublie, ça te diffracte. Tu te sens comme une bruine d’été, pas comme cette pluie insoutenable qui bat les pavés depuis des jours. Tu profites de ce calme qui te gagne dans le même temps que la fumée fait son chemin de ta bouche à tes poumons, pour passer dans ton sang et parvenir jusqu’à tes neurones. Tu prends le temps d’apprécier. C’est sans doute mauvais pour ta gorge tout ça, mais tu t’en fous ; c’est juste bon.
Tu vois son disque dur sur ton bureau, t’as toujours pas regardé ses films. Peut être que t’espères un bon moment pour ça. Que t’espères le moment où tu parviendras à te caler seule pour mater délibérément un film et pas des conneries à la télé. Tu vois la BD posée pas loin ; tu repenses à ce diner d’hier, tu te dis que tu as joué franc jeu avec lui pourtant, mais. Mais tu lui plais c’est indéniable, alors que toi tu voulais juste un vrai pote. Il t’a dit que tu entretenais toujours malgré toi un rapport de séduction. Que tu étais discrète et distante et pourtant. Que ta spontanéité. Déroutante, déstabilisante, troublante.
Toi tu voulais juste un vrai pote. T’aurais voulu qu’il te parle d’elle pendant des heures parce que c’est beau d’écouter un homme qui aime. T’aurais voulu qu’il te parle de ses toiles et de ses mots, t’aurais voulu qu’aucun d’entre eux ne te soit destiné. T’aurais voulu pouvoir parler de tout et de rien, t’aurais voulu qu’il puisse te serrer dans ses bras sans que rien n’ait d’équivoque, sans ambiguïté. Raté.
A croire que t’es pas faite pour avoir un ami mais seulement un amant. Que tu n’es pas capable de ce genre de relation avec un homme. Alors que si, avant tu as eu des amis, de vrais amis. Perdus de vue, un peu. Des amis qui te disaient « je t’aime » tant ces relations étaient fortes entre vous… (?)
Tu n’as pas sommeil. Envie d’écrire, mais. Tu te sens vide quand t’as personne à aimer, personne à rêver, personne à idéaliser. Tu repenses à ceux qui ont traversé ta vie. Tu t’imagines ce qu’elle aurait été si seulement ton prince était toujours en vie. Peut être que tu n’aurais pas cette sensation de manque perpétuel, comme si il était parti avec un morceau de toi. Peut être que. Mais. Mais t’es toujours là toi ; t’es toujours là et tu t’es promis de vivre pour vous deux. De vivre avec le manque, de vivre avec cette absence là qui ne trouvera jamais de résolution.
Tu divagues entre deux portes, tu t’éloignes et tu t’éphémères. Ouais t’en as lu des Grand secret, t’as lu aussi La fin des temps et pourtant t’en sais pas plus sur l’avenir. C’est un pari. Un pari sur toi-même, un pari oui. Quitte ou double ? Tu leur enverras des ballons avec une adresse improbable, ils te les ramèneront ou en souriront en l’oubliant.
T’aimerais bien être le bonhomme pain d’épice et qu’on te croque un morceau. T’as envie qu’on te dévore toute crue, te risquer nue sous leurs bouches avides ; frémir à l’idée de ne pas en ressortir sans y laisser des plumes.
Donner corps à tes rêves ; modeler tes fantasmes et les laisser naitre sous tes doigts, sous tes yeux qu’ils prennent naissance.
Recevoir un sms d’un oublié. D’un perdu de vue qui a fait sa vie loin d’ici, loin de ce que vous avez pu être. Il est loin le temps de sa première fois, mais c’était toi. Visiblement il t’a toujours dans un coin de mémoire.
Dans un an tu seras architecte. Ca fait rêver non ? Non. Non moi non plus ça me transporte pas. Pourtant j’aime ce que je fais, j’aime ce que ça me permet de devenir si je m’en donne les moyens, si j’en ai le courage. Mais j’ai pas de couilles moi. Je flippe à fond. Je les vois passer leurs diplômes. Un quart d’heure. Un quart d’heure pour achever pas mal d’années d’études, un quart d’heure pour faire tes adieux, un quart d’heure pour. Un quart d’heure.
Il parait que ça n’est qu’un début. Et ça n’est réellement que ça, le début. Le début de toi-même, le début de tes choix, le début. Une porte que t’as choisi d’ouvrir parmi tellement d’autres. Mais t’en es sûre, de celle là ; sûre à cent pour sang, sûre d’être en ébullition rien qu’à l’idée de franchir le pas. Même si tu crèves de trouille.
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MangakaDine