Sentir la nuit qui t’emporte, bien que la tentation soit
grande d’ouvrir un de ces romans, pour lire inutile avant de sombrer dans d’innombrables
songes.
Laisser l’esprit vagabonder, d’une idée à l’autre, quand tu
t’es efforcée de rester concentrée sur ton sujet. Le sentir rebondir et sauter
d’une nouvelle à un espoir, de rêve en désir, d’une liste de choses à faire à
une envie soudaine. Penser au présent, replonger dans le passé en fouillant les
souvenirs entassés dans ta chambre de gosse - une vieille photo d’eux, des
articles de journaux, des portraits de classe ; des bijoux retrouvés que
tu ne porteras jamais - imaginer l’avenir.
Te projeter un futur proche – de lui, qui peu à peu fait
céder chacun des murs que tu as construits autour de toi. Laisser tes pensées se
diriger vers lui, te déconcentrer, te retirer toute envie de faire autre chose.
Sentir ton ventre se serrer, ton corps se tendre rien qu’en l’évoquant ;
ne penser qu’à ce week-end qui approche,
avec obsession. Et la nuit qui t’embarque sous son manteau de velours sombre où
tu te blottis avec délectation, quand le sommeil t’emmène, bien que le manque
douloureux se fasse déjà trop sentir pour que tu dormes avec sérennité.
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