Me revoir en ombre chinoise dans le sommeil qui déserte (un peu froissée par les draps, les cheveux en bataille - brouillée) quand toutes sortes de peurs et d’inévitables viennent s’immiscer dans l’univers de mes songes pour m’empêcher de fermer l’œil. Je me rappelle avoir pensé à ces autres avant moi, avoir été triste de ne pas pouvoir lui offrir le même bonheur, la même certitude, le même amour. Le caresser dans sa nuit à poings fermés, et puis c’est son dos qui te fait face. Tu voulais juste partager un peu de sa chaleur pour faire filer tes angoisses, alors tu fuis ce lit qui te parait glacial habité de ta seule insomnie. Tu essaies de te calmer un moment, de te rassurer, et puis tu pars dans un autre univers, en te plongeant dans la vie de personnages de fiction. Tu te noies de leur existence qui ne vit qu’en toi, en tentant d’oublier un peu ta propre vie à la lumière jaune de l’éclairage public ; juste pour ne pas briser son sommeil. Et puis tu retournes veiller sur sa nuit en le regardant dormir comme tes paupières refusent toujours de se fermer. Tu penses aux autres avant lui. A cette étrangère. Parce que ça n’était pas vraiment toi mais celle qu’il avait fait de toi, qui ne se respectait pas et qu’on ne pouvait pas respecter. Parce que tu voulais continuer à te détruire comme il l’avait commencé, parce que surtout ça n’avait aucune importance.