Est-ce que les pigeons sont nécrophiles ? Parce que lui, là, il faisait des trucs étranges au milieu de la route. Juste un instant, juste une image fixée dans mon souvenir. Juste une question anodine et inutile.
*
Rater le bus et puis le tram, attendre le prochain. Prendre l’eau. Le jean qui traine par terre et les livres qui pleurent. Tout ça pour aider une vieille harpie à trouver son chemin, même pas un merci. Allez dégage, descends de ta voiture et vas-y à pieds, c’est pas si loin. Et ça te fera pas de mal, crois moi.
*
Se raconter des histoires, oui, on se raconte tous des histoires. On est bercés aux contes de fées, et le méchant il finit toujours par ne plus l’être. Même dans le petit chaperon rouge, alors que pourtant ça n’était pas gagné. On vit tous dans un monde d’illusions où les gentils gagnent, parce que sinon ça ferait désordre. Et puis la princesse ne finit jamais seule, non plus, comme si la solitude c’était pas un truc de fille ; et puis même si elle est moche, elle est toujours magnifique dans les yeux des autres. Ouais, rappelez-moi de ne pas raconter ces histoires là à mes enfants, vraiment, on peut leur semer du rêve sans trop glisser sur ce genre d’histoires fumeuses. Autant leur montrer les barbapapa, eux au moins ils sont funs, ils transforment des baobabs en sapins de noël.
*
Y’a la pluie. Et la neige pas beaucoup plus haut. La ville a mis son manteau coton, on se croirait dans une boule à neige super kitsch. Et si je secoue ça fait quoi ? En général on fait même plus que secouer, on la retourne et la retourne encore, les pieds en haut la tête en bas, on inverse le temps d’une seconde et puis après on regarde. Et on recommence.
*
Vous croyez que les pigeons savent ce qu’ils font ? Peut-être qu’ils se racontent des histoires eux aussi ; entre deux becquées de mac do.
*
Tu viens de lire une belle histoire pourtant. Oui, où le regarde ne porte pas… Il y en a tellement des endroits où le regard ne porte pas, ne serait-ce qu’au fond de soi.
*
Est-ce que les pigeons sont nécrophiles ? Parce que lui, là, il faisait des trucs étranges au milieu de la route. Juste un instant, juste une image fixée dans mon souvenir.
*