Une page est tournée. Sans doute, oui. Il reste quand même ces choses là. Qui te rappellent à des souvenirs que tu chéris, malgré tous les mots qui ont volé en l’air pour te protéger. Ces choses là que tu vas devoir abandonner, en tous les cas renoncer à porter. Parce que ce n’est déjà pas sain d’en avoir encore la trace sur la peau. C’est à croire que tu ne peux aimer que ce qui te met en danger, que ce qui ne peut pas te rendre complètement heureuse. Oui, à force d’avoir tellement de choses autour de soi, on finit par se recréer d’autres manques, pour continuer d’avancer. Il faudrait toujours avoir faim, pour tenir encore debout, pour survivre. Il dit la vie ce n’est pas une souffrance ; non la vie n’est pas une souffrance, ce n’est pas la vie qui me fait mal, c’est l’envie. C’est le désir. C’est l’incontournable obsession d’obtenir ce que l’on n’a pas, c’est l’inévitable désespoir du manque. T’es douée pour te camer, t’es droguée à l’autre, t’as besoin de ta dose de frémissements le long de la colonne, de la chaleur de bras qui étreignent ton sommeil. Désirer l’insaisissable. Parvenir parfois à t’en contenter. Et puis renoncer. Ne plus avoir la force.
Revenir d’un week end à la campagne, d’un bol d’air – humide. La chambre indépendante les pas sous la pluie et les chaussures devant la porte, et les plans qu’on te demande déjà, pour ici, pour les amis aussi.
T’as encore lu un de ces romans de gosses, où ils sont
amoureux et où tout va bien. Dans ces moments là tu te mets à aimer, aussi, à
tort et à travers, à aimer le passé et l’avenir, à superposer les visages en
aimant tout ce qu’ils ont représenté et tout ce qu’ils promettent. Tu te
projettes dans des rêves où un homme partagerait ton sommeil, tu voudrais juste
dormir, dormir dans sa chaleur, contre lui, rien que pour cette sensation là d’être
en paix, d’être en sécurité entre ses bras, son corps comme un rempart à tout
le reste. Insaisissable.
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