Oh aller. Non. Ce serait trop facile, aller, pas comme ça. Même avec un vélo et des sushis, même si c'est bon. Avoue que t'y as pensé, même un peu plus qu'un instant. Peut-être même un peu trop longtemps, si on considère le temps d'une fraction de seconde.
On se projette. Ouais, c’est notre taf, à nous. De se projeter. De projeter. De jeter devant soi quoi. Mais bon, vraiment, pas à chaque fois. Te fais pas avoir, pas comme ça, pas encore une fois. Avec tous ces désirs-là, ces trucs qui bouillonnent sous la peau et qui font vibrer jusqu’à la chair. Il parait que c’est juste en profiter, que c’est pas si grave – bah non, c’est pas si grave, mais un peu de stabilité ce serait quand même bienvenu. Un truc simple, pas prise de tête, mais un peu posé quoi – juste une bulle de paix dans une trajectoire trop dynamique. Même si la liberté, c’est quand même bon. Flippant, mais bon.

Apprendre à lâcher du lest. A lâcher prise. A laisser un vieux projet continuer de tracer sa route, porté par les gens avec lesquels tu as travaillé à le mener là où il est. Accepter de ne plus en être partie prenante, et c’est peut-être tant mieux. Ce n’est pas qu’ils t’excluent, c’est que d’entrée de jeu tu t’es placée en-dehors, c’est que t’es toujours en retrait.
Tu sais que tu ne sais rien, alors t’observes et t’apprends. Et tu te nourris d’exemples. Chacun ses méthodes. 

Tu te sens comme une gosse en flagrant délit de connerie. Ce moment où t’es prise la main dans le sac en train de chiper des bonbons. Et tu te sens toute petite, toi. Minuscule. Avec encore tout à apprendre. Et puis y’en a qui en imposent, quand même. Qui te regardent et sous leurs yeux tu te sens rétrécir, jusqu’à réussir à filer sous la porte. Pas que t’assumes pas, non. Juste que toi t’es pas sûre, que t’as pas confiance en toi-même, et que tu te remets toujours en question. Minus quoi.