Découvrez Placebo!
Se laisser embarquer. Un peu soufflée, en fait ; ne s’attendre
à rien et puis. Je ne vais pas dire que c’est un rêve, ca n’en est pas un. Mais
j’aimerais bien rêver ma vie comme ce pauvre gars cryogénisé – elle est quand
même vraiment géniale, sa nana : tellement belle et ce petit accent
charmant, cette naïveté touchante... Pourtant je ne suis pas complètement sûre
de parvenir à m’inventer un rêve aussi bien, bien qu’on soit vraiment capables
de choses surprenantes. Parce que les rêves ils naissent de ce qu’on vit ou de
ce qu’on a vécu, et je n’ai quand même jamais rencontré quelqu’un d’aussi
éblouissant – étourdissant, surprenant… que cette petite brune volcanique.
Tout ça pour dire, en fin de compte, que je ne suis pas
vraiment perdue, mais que je vis dans le réel. Et que le modeler un peu ça
serait plutôt sympa. Même si, c’est vrai, j’ai plutôt beaucoup de chance, et
puis de toute manière je colle mes idéaux sur la vie que je mène, alors
finalement je la sculpte pas mal, mon existence.
Ca n’est pas un rêve, mais ça
a sans doute plus de goût ; j’imagine que je ne pourrai jamais réussir à
me surprendre si c’était moi qui inventais toute l’histoire. Je n’ai jamais vu
un clown rire à ses propres blagues.
Enfin, on est toujours fondamentalement libres, on a
toujours le choix de rester ou partir, de poursuivre ou de cesser. Et puis
surtout, j’aime pas être attachée – avis aux sado-maso, c’est pas une bonne
idée ! – et je ne suis pas du genre à ligoter sans plus pouvoir m’en
sortir : c’est pesant, la place du kidnappeur.
Mais c’est ça qui me fait
le plus peur ; on se donne une vie sans principe mais la vie elle-même en
est un : on va toujours préserver la vie, c’est la seule règle, et de là
découle qu’on fera tout pour la rendre agréable – parce que ça ne suffit
jamais, d’être simplement vivant, il faut le sentir en soi, je vis, je suis
vivant, je le sens jusqu’au bout des doigts. Alors on en veut toujours plus,
toujours un peu plus loin, un peu plus fort, et puis finalement on se prend à son
propre jeu – l’arroseur arrosé, ou la tartine de beurre qui ne retombe jamais
du bon côté. C’est comme ça, et il faudra bien faire avec.
(Je me mets à parler comme lui maintenant, ne resterait plus que je m’évade quand on prononce un ‘nous’ et puis il m’aurait complètement colonisée de l’intérieur… bien que je fuie quand même déjà dès qu’on me pose trop de questions… Mais l’avenir, je ne sais pas m’y projeter. Ou bien je ne le sais que trop, c’est mon boulot finalement. Mais y'a pas de garantie décennale pour les sentiments les gars, non, c'est mort, on peut pas prévoir jusque là, vraiment pas. Et c’est ça qui est flippant. L’art de l’ellipse, hein, mais un jour on se fait toujours rattraper par les questions sans réponse.)
Je ne suis pas sûre d’être cohérente là. Pas sûre que vous me suiviez. C’est parce que je superpose toujours l’intangible du rêve à la réalité. Alors décortiquer entre mes lignes ce que je vis en vrai et ce que j’imagine du présent, ce que je projette sur l'avenir ou ramène du passé, ça ne doit pas être simple.
Mais déjà, j’arrête de boire j’arrête de boire avec excès.
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