On perd. T’as perdu, t’as perdu contre le temps, t’as perdu contre toi-même. Tu perds contre les secondes qui s’échappent, le passé qui se recouvre pendant que tu piétines dans le présent, les obligations qui s’empilent et les envies qui s’évadent. Tu ne sais même plus si tu joues pour gagner, t’as oublié ce qu’il pouvait y avoir à la clé. Alors tu joues parce que tu n’en as plus le choix. Même pas de lot de consolation pour les loosers, y’en a un qui gagne pour tous ceux qui perdent et qui n’auront rien. Tu tires des traits et puis t’aimerais bien qu’ils se barrent – qu’ils se re-tirent, quitte ou double non ? Toi tu ne doubles jamais rien, tu quittes puis tu regrettes, tu te tires et puis.

Le souvenir est un traitre qui s’invite toujours quand il peut déstabiliser. Le souvenir est un traître parce qu’il est partout et en chaque objet, en chaque instant – même Budd c’est qu’une saloperie de souvenir, et tu le trempes de larmes quand tu t’endors en t’agrippant à lui comme si tu pouvais en ressaisir encore un morceau.

T’aimerais écrire au père noël et lui demander… lui demander les larmes au coin des yeux et de tout sentir plus fort, les fous rires et les extravagances, les pincements au cœur et le ventre qui se serre. T’aimerais lui demander un bonheur avec des ombres parce que sans c’est trop facile, des nuits sans sommeil et des engueulades, et puis des désirs inexplorés. Mais ça ne passe pas par la cheminée, ces trucs là, c’est bien trop énorme.

Il est 9h et t’es encore chez toi. Bouge-toi, sors. T’es pas sèche et vide, t’es pas juste une coquille désertée, tu te planques un peu c’est tout. Avance. Trouve un bon coup, au moins. Une bonne idée. Un truc un peu fou. Surprends-toi. Et arrête de bouffer ce nougat tu vas devenir énorme.