Chasser le stress. Prendre une pause. Prendre le temps. Ne pas s’angoisser.

Oui, tu lui présentes d’ici à peu près ¾ d’heure. Oui, son avis compte toujours énormément pour toi. Bien sûr que t’as peur. Peur de son jugement. Peur de son regard. Peur des mots qui fusent. Peur de décevoir, plus que toute autre chose finalement.

Lui présenter. Se remettre dedans. Croire en ce que tu dis. Savoir qu’elle n’est jamais dupe, mais qu’on ne croit qu’en ceux qui croient eux-mêmes en ce qu’ils font. Recueillir son avis et ne pas se démonter.  T’es peut-être même plus dure qu’elle avec ton propre travail, finalement.

Prendre une bonne inspiration, te détendre. T’as fait le maximum. Oui, il y a des choses à reprendre. Oui, ça doit être affiné, encore. Oui, l’analyse doit être étoffée. Oui, ta problématique doit être développée. Oui, t’aurais aimé aller plus loin, bien sûr. C’est une ébauche. Un début. T’as encore tout un semestre pour le reste.

Montrer ce projet à quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’objectif. Quelqu’un qui n’aurait pas de raison d’être « gentil ». Histoire de se préparer un peu aux critiques qui ne manqueront pas d’être faites.

Y’a des jours comme aujourd’hui où tu te dis que tu n’y arriveras pas. Que tu t’es engagée dans des choses un peu trop grandes, que tu ne fais pas vraiment le poids. Y’a des jours comme celui-ci où tu serais sur le point de tout envoyer en l’air, si t’avais pas ce truc là, ce truc de l’engagement à remplir. Comme un gosse qui a eu les yeux plus gros que le ventre mais qui s’oblige à terminer son assiette parce qu’il ne veut pas l’admettre.

Dissiper l’angoisse. La laisser sortir un peu comme ça, en jetant des mots. Te concentrer sur ta respiration. Te masser les tempes, la nuque. T’étirer comme un chat. Faire le vide. Retrouver le calme.

Décider de retrouver un rythme un peu normal, même si t’es heureuse, même si y’a cette petite chose au fond du ventre qui te rend plus légère. Même si t’as le sourire scotché au visage, un sourire même pas pour de faux. Même si t’en oublies de manger, de dormir. Non, t’es pas malade. T’as juste la tête ailleurs. T’as juste pas envie de te laisser grignoter par autre chose que lui.

Alors ce soir, tu vas te coucher tôt. Pour laisser plus de place aux rêves qui te portent de toute façon dans ses bras.