« Fallait pas rencontrer le mec de ta vie » qu’il me dit.  « J’ai lu ce que j’ai lu, et t’auras des trucs à me raconter. »

Bah quoi, jsuis si changée que ça ?!

Mais tu sais ça m’empêchera pas d’aimer les crêpes, on s’en fera d’autres des goûters. Pas sûre qu’on tombe encore sur des papillotes improbables, mais on aura qu’à essayer quand même. Et puis je t’en parlerais si tu veux, avec un sourire qui t’agacera, j’en suis sûre.

Tu vois c’est un peu comme si. Comme si. Comme si quoi ? J’en sais plus rien en fait, j’ai perdu le fil. Mais jveux pas être malade, alors je ne le suis pas. Ca aurait été avec plaisir, mais j’ai pas trop le temps en fait, là tout de suite. On en reparle d’ici quelques jours, d’accord ?

Je regarde l’ombre des bambous sur le mur et c’est marrant de les voir plus grands. Et mon horloge qui tourne mais qui ne donne jamais l’heure. Elle vit dans un autre espace-temps, où les minutes se distordent et n’ont jamais la même durée. Je la regarde souvent et j’imagine l’endroit d’où elle mesure ce temps. Aujourd’hui je pense que c’est le nôtre, de temps, qu’elle compte. Le reste peut toujours filer, je m’en fous. Mais je me demande quand même si les deux heures de cet après midi seront interminables ou bien trop courtes. 

Tu sais, chez nous, il est 4h15, et si on n’est pas en train de refaire le monde, on dort avec sur le visage la quiétude des fous.