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Pesanteur

Y’a des travaux de groupe qui deviennent effarants ; quand on lit de quoi est capable un autre étudiant, du même niveau d’étude que soi, et qu’on n’y voit qu’un sac de nœuds. Aucune cohérence, aucune consistance, aucune synthèse. Si j’étais moi j’leur dirais de ne pas mettre mon nom là-dessus, je ne peux pas accepter qu’on colle mon nom sur ce travail de merde. Parce que c’est nul, vraiment. Embrouillé, et bourré de fautes d’orthographe. Ca fait peur. A tel point que j’arrive même pas à tout lire, et que je ne comprends pas tout alors que je connais le sujet. Flippant.

 

 

J’aurais presque envie d’écrire des mots qui font mal. Presque envie de crier de douleur. De tout laisser sortir sans rien museler, sans freiner, sans diluer. Un vrai concentré de blessure, y’aurait plus qu’à mettre en tube à la fin. On pourrait se l’enfiler en pommade, en dentifrice, peut être même comme du ketchup – pour dessiner des bonhommes dans son assiette. Mais j’hésite. Je ne veux pas blesser pour rien. Je ne veux pas faire mal simplement ‘comme ça’. Même si ça n’est pas un jeu. Même si c’est réel, oui, c’est la réalité. La réalité c’est qu’on poursuit tous des rêves de gosses, et heureusement. Parce que si on ne poursuivait pas nos rêves, on chasserait quoi ? et on obtiendrait quoi ? Il parait qu’il faut toujours viser un peu plus haut que le possible. Juste un peu au-dessus, comme ça, si on arrive à l’atteindre, on peut choisir de viser encore un peu plus haut. Et puis on aura atteint mieux que l’imaginable. Oui. Sans nul doute.

 

Je ne sais pas trop. Je ne vois pas comment je pourrais savoir. Ca me fatigue. Et je ne peux rien faire. Il me dit qu’il a cru que j’allais le quitter. Moi j’ai failli lui dire la prochaine fois attend qu’on soit tous les deux, ce sera toujours mieux que tout seul. Parce que tout seul, c’est triste. Mais je me sens seule là. Vraiment. Malgré la vingtaine d’appels en absence sur le téléphone. Parce que j’ai la sensation que t’aimes plus le ‘nous’ que. Parce que tu te prends trop la tête pour trois fois rien, que tu dramatises tout. Arrête, s’il te plait, arrête. J’ai pas envie de t’entendre t’excuser, me dire que t’as été nul, j’ai pas envie. Parce que bien sûr t’es humain, bien sûr tu ne vas pas sauver le monde, bien sûr on a tous nos moments de faiblesse. C’est pas grave. Ca le devient quand tu en fais toute une histoire. Prends plus de légèreté, s’il te plait. Tout le reste est déjà bien trop grave et trop pesant. Autant ne pas en rajouter. Bien sûr je te parle de légèreté, je ne te dis pas que je prends ce nous à la légère, mais juste qu’il faut lâcher du lest, arrêter de se mettre la pression, et vivre avec plus de simplicité. T’es pas un super-héros, et moi je ne suis pas à mettre sur un piédestal. J’ai pas toujours raison et je suis bourrée de défauts. Mais s’il te plait, sois plus léger. J’en ai trop bouffé des prises de tête et des angoisses.

 

Tiens, tu veux que je te dise. Un truc tout neuf, un truc que tu sais pas encore. Si je prends plus de médicaments et que je ne veux pas en avoir chez moi, c’est qu’un jour je me les suis tous enfilés. Tous, sans exception. Je t’avoue, ça m’a fait plutôt planer. C’était bon. Tentative de suicide, une semaine d’hôpital, ma mère qui vient ici en catastrophe, mes meilleurs amis qui l’ont prévenue qui ont aussi envie de me coller une bonne claque. Et ils n’auraient pas eu tort. Alors la gravité, ça me connait. Ce poids qui t’écrase au point que tu étouffes. Au point que tu cherches une porte de sortie, ailleurs, autrement. Parce que tu tournes en rond dans ta tête et que tu ne vois plus comment sortir. Que t’as justement trop accumulé de cette gravité que t’as envie de lâcher du lest, pour de bon, et puis bye bye, tu te fous pas mal de ce que les autres vont vivre, toi tu l’as trouvée ta porte. Et tu comptes partir en la claquant sur leurs doigts.

 

Tu vois, rien ne mérite qu’on se mette dans des états pareils. Pas même tout ce par quoi je suis passée, pas même le pire. Rien ne mérite qu’on le prenne avec autant de gravité. Rien ne mérite qu’on lui donne autant de poids, parce qu’après ce poids, on se le colle sur le dos pendant un paquet de temps, et il s’accumule, devient de plus en plus lourd, jusqu’à nous faire mettre genou à terre.

 

 

 

Ecrit par Perfect-plank, le Samedi 14 Mars 2009, 17:15 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

stupidchick
stupidchick
14-03-09 à 17:22

ha ha ha ha c'est sûr qu'en lisant ça on a follement envie de tout prendre à la légère


 


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