Il y a les larmes qui ne trouvent plus de paix.

La douleur au fond du ventre.

La brulure.

J’ai mal.

Les yeux cernés, creusés.

Vous savez, comme quand on emballe quelque chose dans un torchon pour mieux le taper contre les murs, brisée en mille morceaux, brisée, on ouvre le paquet et voilà ce qu’on découvre, qu’on a tout cassé, fracassé, éparpillé.

Se forcer à avaler quelque chose malgré la nausée. Il parait qu’on doit manger pour aller bien.

Il a dit prends soin de toi, alors j’essaie. Au moins un peu. Même si mes larmes ne sèchent plus.

Regarde. Ce qu’on a fait de nous.

Vide. Dévastés.

Pleurer sur soi même, pleurer sans limites, sur cette histoire, sur ces rêves qui n’en sont plus, pleurer sur nous, sur toi, sur moi. Sur ce que je gâche toujours. Me sentir infiniment coupable. De ce mal qu’on se fait. Du mal que je me fais.

Peut être que c’est moi le problème.

Il me dit t’es une fille chouette. Mais moi je vous dis, moi je sais, moi je, jsuis une sale pimbêche, égoïste et capricieuse, moi je, moi je. Tête à claques.

Je me dis c’est la solitude qui grandit, qui pousse tout le reste. C’est la solitude qui s’installe où elle peut.  On se dit, mais on est toujours seul, quoi qu’on en dise. On est toujours, toujours seul. Dans les sanglots. Dans un tremblement, dans un souffle. Je pourrais exploser et leur dire que non, non ça ne va pas, non derrière les sourires et la joie feinte ça ne va pas. Non je ne mange plus, non j’ai plus envie, plus envie de rien. Je pourrais me fracasser le crâne contre les murs juste pour que ça s’arrête, je pourrais tout planter là et partir sans savoir où aller.

Je pourrais filer droit devant en laissant croire que rien ne me touche. Rien ne me touche non, rien ne me touche, on n’aura qu’à croire à ce mensonge, on croit à tant d’autres.