C’est seulement un jeu. Un jeu, permanent, y’a pas de temps mort, pas de temps additionnel, c’est juste un jeu, un jeu pour toujours. Je ne sais pas si t’es un adversaire ou si t’es de mon côté, tu vois, c’est ça le problème. Peut être qu’on est tour à tour l’un puis l’autre. Peut être qu’on est à la fois l’un et l’autre. Allié, ennemi. Peu importe de toute façon, ce n’est qu’un jeu. Un jeu qui permet de faire tourner l’horloge, un jeu qui suit la ptite aiguille indéfiniment.

Je ne suis pas sûre d’avoir envie de continuer à jouer avec toi. Mais on joue pour le challenge, on joue pour relever un défi, pour pouvoir crier victoire. Et peut être que la seule victoire, ce serait de déclarer forfait. De te laisser comme un con sur ton terrain. Parce qu’à ce jeu là, moi j’ai pas grand-chose à gagner. Sans vouloir t’offenser, mais si je gagne, j’y gagne quoi ?

J’ai l’inquiétante impression qu’il n’y a rien à perdre, rien à gagner sinon de pouvoir crier hurler victoire.

Je prends des décisions. Croise des gens au hasard, et ce sont de belles rencontres. Je parle. Je parle oui, en vrai, enfin j’essaie, petit à petit. Je dis des trucs. Et puis là aujourd’hui encore j’ai rendez vous avec mon guide pour une ascension qui ne sera pas celle de l’Everest, non, ça sera pas si difficile, pas si…mortel. Je vais lui dire quels choix j’ai fait. Comment je t’ai dit que t’es un salop, et comment je ne le pense pas vraiment.

On fait tous des bêtises. La mienne avait même un nom, et se couchait à mes pieds ; elle me collait au point de me faire trébucher. C’est une bêtise super, mais bientôt grosse comme moi. Et puis la cohabitation est difficile. On ne devrait pas toujours écouter ses parents, je crois. Non, on devrait pas. Ce sont eux qui nous font commettre les pires erreurs. Qui nous empêchent, parfois, de suivre nos désirs, juste parce qu’ils pensent que c’est mieux pour nous. Oui. Et maintenant, je me retrouve avec des obstacles que je n’ai pas désirés, qui m’empêchent de vivre un rêve de gosse ; eux ils n'y peuvent rien, mais je leur en veux aussi. Pari perdu. Déception immense. Je l’aurai pas cette fois, ma respiration. Pas encore. Je vais retourner apprendre la patience pas vrai ? Les parents croient toujours mieux savoir ce qui est bon. C’est pas leur faute. Mais là j’ai mal, vraiment. J’ai mal, comme une déchirure. Comme d’abandonner. Comme de baisser les bras. Comme de dire c'est impossible.

T’es important pour moi, en fait. T’es important pour moi, et c’était bon cet imprévu d’hier, c’était doux. C’est bon de te parler. De sentir que t’es là. Peut être que ce pas là, un jour, on le franchira ensemble. Peut être, après, faut pas tirer des plans sur la comète. Mais à deux, ça serait plus simple. Plus facile en fait.

Et juste, merci. Parce que tu me donnes du bonheur.