Je me demande à quel point on est conditionnés. Par la génétique, par l’amour filial, par les codes internes à une famille. A quel point on a une marge de manœuvre par rapport à eux. A quel point on a des pseudos obligations envers les ancêtres ou les autres.
Et maintenant il s’agit d’avoir de l’optimisme à revendre. De donner l’énergie dont ils manquent, d’offrir la vie qu’il y a encore. Et de regarder cet autre s’afficher dans son faux bonheur éphémère, juste pour me le cracher au visage. Je m’en fous, elle est pas très jolie, la suivante. Elle a la peau d’une râpe à gruyère. De laisser glisser les insultes, les coups bas, les regards de travers, de continuer de se lever le matin avec le sourire.
Je sais déjà que nous avons à parler, à remettre une énième fois en question ces fils ténus qui nous lient. Pourtant il y a quelque chose, entre nous, depuis longtemps déjà. On mélange tout, l’envie, le désir, le besoin, la nécessité, le confort. On n’a pas une relation confortable et on se soutient que tout va bien. On préfère ça plutôt que de se mettre face à nous-mêmes et admettre qu’on est juste incapables de s’engager l’un envers l’autre. On n’a que la liberté pendue aux lèvres et si on a le malheur de montrer la moindre faille on sait qu’on ne se rate jamais. J’pense pas qu’on soit faits pour vivre ensemble mais je crois qu’on est faits pour vivre avec personne. On se lira toujours comme une blague, jamais comme un couple. J’suis plus très sûre de vouloir de ça mais ce dont je suis certaine, c’est que je suis incapable d’être seule. Il ne s’agit pas tant d’encombrer la solitude que d’avoir un point d’ancrage, une épaule comme espace de recueillement où se retirer quand tout le reste tourne trop vite.
J’l’avais trouvé solide. Et beau. Je l’ai imaginé débarquer dans ma vie. J’pensais, s'il y avait une suite, alors qu’on s’est jamais revus. Je me rêvais déjà déménager, prendre mes cliques et mes claques et le rejoindre. Parce que j’suis tellement naïve. J’ai aimé faire l’amour avec lui et y’a presque un gout de trop peu, là. J'ai pourtant pas envie de construire. J’ai pas envie de sexe mais juste de répéter ce réveil là, d’entrer chez lui comme des voleurs, pour surtout ne pas garder le silence. J’sais pas pourquoi il m’a fait ça, ce salaud. Cet effet là. Les toiles au dessus de son lit, peut être. L’atelier. C'est quand même stylé de faire l'amour dans un atelier de peintre. J’en sais rien. Mais j’ai dit ces mots là, je lui ai dit j’ai l’impression que je t’attendais depuis longtemps. Et cette sensation là perdure ; et je me sens ridicule.
Allez quoi, c’est clair qu’on ira manger des crêpes. Notre consommation reflète notre état moral. Et c’est vrai que tout est simple, pendant ce hors temps là. Et que ça fait un bien fou de s’abstraire ensemble. On n’a qu’à se tirer d’ici. S’envoyer en l’air et voir où on atterrira.
Commentaires :
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LiliLou
Bon courage alors pour finir... quand tu auras vu et qu'il faudra décider d'atterir, choisir où et pourquoi.