Tout le monde ment. Même les corps mentent. On se ment à soi
même, on ment aux autres, on reste bloqué sur un passé imaginaire, sur les
projections qu’on se fait. On s’imagine, et puis rien, et puis on s’accroche à
ce mensonge qu’on s’invente. Parce que ça rassure. La douleur permanente, c’est
un mode de vie, pas vrai ? Ouais. Pas facile de plonger dans un bonheur,
parce qu’il risque de filer, et de nous laisser là pantois.
Alors on se recolle des sourires au visage, on se scotche au pastiche, et on joue la suite. On retourne à nos partitions après un instant d’improvisation, parce qu’il faudrait pas qu’on y prenne trop goût, et puis on sait pas où ça mène, et puis ça finit toujours entre deux eaux, comme un échec.
J’avais dit, j’avais dit on ne m’y reprendra plus. J’avais cru que j’étais blindée jusqu’au plus profond. J’me sentais intouchable. Non, vraiment, le problème quand on est un flan, c’est que tout glisse, jusqu’à ce que. Ouais, jusqu’à ce que. Jusqu’à toi, là. On m’dira, tu dis toujours ça. Ouais. P’t’être bien. Et j’répondrai encore que cette fois c’est pas pareil. Parce que je voulais pas, et pourtant. Echec et mat mec. Mais la demie-mesure, j’ai toujours pas appris. Ca fera jamais partie de mon vocabulaire, je crois. J’sais pas faire.
Tu vois, l’autre problème quand on est un flan, c’est qu’on
peut se faire gober. Et puis on a ce côté ‘élastique’ là. Tu sais quand tu
bouges l’assiette et que le truc il se met à gigoter dedans. Bah voilà, moi
jsuis un flan posé sur une assiette. Et là tu viens de me planter un bon coup
de cuiller, et ça fait mal. Tu sais, comme les poupées vaudou et les aiguilles qu'on leur plante. J'me sens comme ça, là.
J’sais pas faire l’amour quand y’a juste du désir. J’sais pas faire ça. Y’a toujours une histoire derrière, toujours des mots à coller, toujours un dossier de regards trop appuyés ou de souvenirs d’enfance. Ouais. Y’a toujours quelque chose derrière. J’sais pas faire, sinon. Alors c’est peut être pour ça. Je veux dire, pour ça que je le vis mal, là.
Mais la douleur permanente, c’est un mode de vie. Ca donne
le ton. Au moins, on sait à quoi s’attendre. T’as dit j’ai fondu en larmes.
Ouais. Moi aussi. Même quand j’ai posé le point final à ces deux ans j’ai pas
pleuré, et toi en deux jours tu me renvoies à mes sanglots longs.
Et le pire
encore, c’est que tu lui ressembles, j'te l'ai dit en plus. Trait pour trait. Dans ta façon d’écrire.
Dans ta façon d’être.
Sauf qu'avec lui j’étais de l’autre côté du miroir. Et que là, j'me sens minable.
Commentaires :
Version XML
LiliLou
C'est génial aussi d'être entière et pas dans la demie mesure.
La demie mesure, c'est pour les lâches, les peureux.
J'aime bien comment tu dis "le problème quand on est un flan, c'est qu'on peut se faire gober". C'est plus qu'aimer, j'tai vu te faire gober, jme suis vu me faire gober, j'adore cet imaginaire. J't'aime bien en flan. Avec un bon coulis caramel! Pfiouuu jcommence à divaguer. J'me stop.
T'es pas minable. J'trouve pas moi. Et puis, vivre dans la douleur c'est savoir savoir la putain de vie quand y'a des bons moments. ça glisse pas autant sur toi que tu le dis, ptit flan.