J’voudrais dire que j’ai passé un bon week end, que j’ai fait plein de trucs et rencontré plein de gens, et puis c’est pas le cas. Y’a bien eu ces gens que j’ai eu envie de voir. Un message un peu désespéré, aidez moi les gars, faut que j’sorte, que j’voie du monde. Alors une bière en terrasse avant leur répet’ ; j’les kiffe, les deux frangins, vraiment.

Pour tout dire, j’ai pensé à toi. J’ai cette image de la nana à moitié nue qui fume sa clope au balcon, le regard perdu dans le vide. Voilà. J’fume pas, mais c’est comme ça que je l’ai passé mon week end. Suspendue, en apnée, les pieds sur le garde corps en attendant de faire un faux pas. Tu sais, le problème c’est que tu ne veux pas que j’plane dans ton existence. Et que j’ai pas l’habitude de ça. J’ai pas l’habitude qu’on veuille pas de moi. Ne serait-ce que pour le sexe. J’dis pas que j’suis un bon coup hein, vraiment pas, juste que visiblement, et constaté jusqu’à lors, il me restait au moins ce champ là.

Y’a plein de choses qui ont défilé dans ma tête. Y’a eu la tentative de me rappeler de ton travail de l’an dernier. Et j’en suis incapable, vraiment. Incapable de me souvenir si je t’ai donné des conseils. J’me rappelle juste ce jeu de regards qui se croisent. J’me souviens même que je me levais le sourire aux lèvres en me demandant quelle paire de lunettes t’aurais sur le nez cette fois ci. Et j’me souviens aussi m’être dit qu’il fallait que je t’évite, parce que j’pouvais pas entretenir ce genre de relation avec toi. Après ça y’a un grand blanc, avant cet heureux hasard d’un apéro partagé – merci l’école. Et puis cette soirée là, et la suivante. Et plus rien. Et je revoyais ça en boucle : les matins, les regards, tes doigts qui caressaient ma main, puis tes mains dans mon dos, et puis.

J’ai revécu ça en boucle comme un CD rayé. Je me suis demandé un moment ce que j’voulais pour la suite. Et bah j’en sais rien. J’suis pas sûre de vouloir de quelqu’un dans mon existence, moi non plus. Il a détruit pas mal de choses sur son passage, enfin sur son absence, plutôt. Il a fait de moi un sosie de son incapacité totale à s’engager envers qui que ce soit. Mais malgré tout, c’est toi. Et même si j’te connais pas, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas tourné en boucle dans l’espace fermé de mon esprit. Ca fait un paquet de temps que personne n'avait occupé mes pensées comme toi. Et même si c’est voué à rien, c’est quand même doux. D'avoir une personne comme toi perdue au creux du ventre.

Tu vois bien que j'suis qu'un flan.