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(encore) une fin

C’est comme si c’était une dernière fois. Une dernière fois, une fin, j’en sais rien. La mort de quelque chose, peut être. J’sais pas.

 

Alors jme laisse divaguer. J’pense à toutes les dernières fois.

 

La dernière fois que j’ai souri avec sincérité, c’était y’a vraiment pas longtemps. C’était à mon voisin, le grand brun, celui qui me parle toujours ; j’ai souri la dernière fois que je lui ai tapé un brin de causette parce que je pensais justement à la dernière fois que je l’avais vu. J’étais soûle. Et maladroite. Et il était descendu m’apporter un devis. Oui parce que mon voisin, il risque de faire des travaux chez moi. Alors la dernière fois que j’ai souri avec sincérité, c’était à lui. Ou plutôt  au souvenir qu’il devait avoir de moi, j’sais pas.

 

La dernière fois que j’ai fait l’amour. J’m’en rappelle pas. J’me rappelle juste que c’était… insipide. Faut dire que la fois d’avant avait placé la barre assez haut. Même si. J’crois que c’est mieux de ne rien faire. J’veux dire, j’préfère cette abstinence que du sexe sans souvenir.

 

Jsais pas pourquoi j’ai cette sensation là, que quelque chose s’achève. Peut être que ce sont mes espérances qui s’éteignent. Cette nostalgie là ne m’a pas quittée ; j’me demande si c’est à cause de ses mots, à ce vieil ami. J’ai toujours pas compris, ses réactions restent un mystère entier. J’comprends pas pourquoi y’a tant d’années il ne s’est jamais rien passé entre nous, pourquoi on passait toutes nos soirées ensemble, pourquoi on se tenait par la main, pourquoi on s’endormait dans les bras l’un de l’autre et qu’on ne s’est jamais embrassés. J’comprends pas. Et j’comprends pas non plus pourquoi c’est maintenant qu’il décide de refaire surface, comme pour me narguer et me pointer du doigt l’ensemble de mes échecs. Parce que rien n’a jamais été différent de cette histoire là, finalement.

 

Rien. Toutes se sont passées de cette manière. Etre plus que proches. Se comprendre à demi mots. Partager. Et puis la fuite. Y’a même eu des histoires en accéléré, où ça a commencé par la fuite. Ouais, histoire de ne pas perdre de temps. D’aller direct jusqu’à la collision.

 

Ouais. C’est à croire que j’attire les fuyards. Ou que j’les fais fuir. Ou que j’suis bonne pour foncer dans des murs. J’en sais rien. J’préfèrerai qu’un train me passe sur le corps, je crois. Le mouvement serait différent : c’est pas moi qui foncerais droit à ma perte, mais j’resterais juste à l’attendre. C’est qu’une question de point de vue, et une question de vitesse, sans doute.

 

Y’a des dommages qu’on ne peut pas réparer. Des pertes qui ne seront pas comblées. Des trous qu’on ne rebouche pas. D’ailleurs vous avez déjà remarqué, quand on creuse et qu’on veut reboucher après, il n’y a jamais assez de terre. Il en manque toujours un peu, comme si on ne pouvait pas faire et refaire sans rien abîmer.

 

Alors j’sais pas de quoi c’est la dernière fois, ni quelle est la fin. J’en sais rien. Mais quelque chose se termine, là maintenant. Et j’pense que j’suis pleine de marques, de cicatrices mal refermées. Qui veut d’une gueule cassée ?


Ecrit par Perfect-plank, le Dimanche 11 Octobre 2009, 20:38 dans la rubrique Actualités.


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