J’voudrais lui dire que jsuis pas une fille insistante mais que je cherche juste à me protéger, parce que je sais qu’il est de l’ordre de ceux qui me font m’écorcher les genoux. A trop me trainer derrière eux sur le bitume. A m’éclater la tête sur les pavés juste pour que ça cesse.
J’voudrais lui dire que j’ai pas envie qu’il se prenne la tête, moi non plus jsais pas ce que je veux, qu’est ce que tu crois. J’sais juste qu’entre ses bras je trouve un peu de paix, et que j’en veux encore et encore. J’me fous pas mal du reste, des modalités rationnelles et concrètes, j’m’en fous. J’veux juste plus d’une course poursuite, non, vraiment, là jsuis fatiguée d’avoir trop couru, jveux juste une oasis de tendresse où me retirer le temps qu’on m’oublie.
Merde mec, tu crains. Tu peux pas me dire j’voudrais qu’on se revoie et puis balayer toutes les possibilités de rencontre d’un revers de main. J’m’attends tellement pas à ce qu’on me dise je voudrais te revoir que quand ces mots se glissent au creux de moi, je ne les lâche plus. Quelle que soit la suite. Parce que moi, quand j’vous dis que ma mémoire est sélective, bah moi j’retiens juste le sourire de quand il est entré, et la chaleur qui m’a envahi le ventre à ce moment là. J’retiens ça et puis je retiens la nuit qu’on a passé, même si j’avais encore trop bu, et j’retiens le petit matin qui ressemblait trop à une tendresse de plus.
Alors même si tu m’balades depuis ce ptit dej là, bah moi, j’attends
juste que tu m’appelles. J’fais plus rien d’autre, jfais la cuisine mais j’bouffe
même pas, alors jsors le chien. P’t’être bien que je te croiserai par hasard.
En fait tu m’as mise sur pause là, j’attends juste un mot. Parce que j’pense
que ton silence jle comprends plus que bien. Ce moment là où tu sais pas bien,
où tu veux aller, ce que t’es prêt à donner ; où tu te dis mais jveux pas
passer à côté mais jsuis pas sûr de vouloir me risquer encore. Ouais. J’pense
bien que ton silence il comprend tout ça et sans doute bien plus. Parce qu’en
fait, jconnais rien de toi. J’sais pas où t’en es dans ta vie, j’en sais rien.
Mais jsuis pas du genre à briser les silences, moi. Même si j’pense que t’as le
droit de les partager avec moi, tes questions. T’as le droit de venir conjuguer
du silence avec moi, j’aime bien son épaisseur. Parce que tu vois, pour moi,
avant tout le reste, y’a juste ça. Cette proximité. Et p’t’être que j’attends
rien de plus que ça, en fait.
Commentaires :
Re:
Ou sinon écris-lui... Mais fais quelque chose! Rester seul à se monter la tête ne peut pas être une bonne chose.
J'aime bien ça l'épaisseur des silences, même si au final tu restes sur pause et ça, ça t'bouffe.
Et conjuguer les silences, alors là, tu ravis ma sensibilité.
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