C’était une pause et c’était presque au-delà du temps, échappant à l’emprise de la seconde qui s’écoule.
Le retour at home comme on dit, le retour c’est comme revenir à la vie et ressortir de la terre. Y’a pas de chauffage ni d’eau chaude, ni de quoi cuisiner d’ailleurs, alors on se serre pour se tenir chaud. C’est l’ami d’enfance qu’est arrivé en même temps que moi, juste pour cette nuit, juste pour une nuit. Je sentais bien qu’il aurait voulu coller plus fort son corps au mien, mais j’étais pas très sûre que ça soit une bonne idée. Alors y’avait juste ses bras autour de moi, délicieusement rassurants, ses bras qui me plaquaient contre lui, même si je lui tournais le dos, même si. J’avouerai jamais que c’était doux, que c’était ce dont j’avais envie, non, jamais. J’sais bien que tout redeviendrait compliqué, j’sais bien qu’on était qu’une idylle de gosses et qu’on doit pas remettre ça après toutes ces années.
J’sais bien pourtant qu’il m’aimerait comme on adorait les idoles, j’sais bien. Mais on s’est déjà détruits l’un et l’autre, chacun son tour, comme un cercle vicieux. J’veux plus faire de mal, et pourtant j’ai cette terrible et irrépressible envie de jouer, tu vois.
Mon voisin même si j’lui dis tu et qu’on s’envoie des mots comme on se lancerait des œillades, quand j’le croise on se dit qu’à peine bonjour, c’est étrange. C’est rien qu’un jeu et moi j’ai rien à perdre ; j’suis pas sûre qu’il ait pris conscience des risques à s’avancer comme ça, des risques à s’approcher de moi de cette façon. C’est parti, là, tout commence mec. Et t'auras beau jouer à la distance, j'pense bien que j'pars avec un bon temps d'avance, juste parce que je sais que c'est moi qui gagne, à la fin.
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