J’repense à pas mal de trucs. Session nostalgie on dirait, j’lui ai même écrit « J't'envoie les mots d'une autre, pour changer. Ma façon de. J'en sais rien. J'espère que tu vas bien. J'voudrais écrire que j'suis désolée, pour tout, mais j'arrive pas à. enfin, tu vois quoi. » Ouais. Merde c’était quand même du gâchis tout ça. On avait tout. On avait surtout nos passés respectifs qui entraient en collision, et j’pense bien que ça, on pouvait pas y changer grand-chose. On avait surtout l’un et l’autre une peur phobique de s’engager pour l’autre. Difficile de tourner la page, quand j’sais qu’on arrêtera jamais de se tourner autour. Difficile quand le matin je m’habille en pensant il aime pouvoir observer regarder caresser ma nuque. Bien sûr que j’passe à autre chose. Que je replongerai pas dans l’impasse qu’on s’est construite. Mais juste, ça avait quelque chose de doux. D’amer, mais doux. Et jamais fade. On avait quelque chose d’inhumain. J’crois bien que j’l’ai aimé bien plus que je n’oserai jamais l’admettre, mon absent. Et qu’on s’est posé des empreintes, partout sur nos corps, histoire de s’appartenir encore, quoi qu’on en dise, quoi qu’on se brandisse nos libertés comme les patronus dans Harry Potter.

Allez quoi, j’ai aucune idée d’où je vais. Aucune idée de ce que je suis en train de faire, histoire de changer. Il écrit ça va devenir amusant. Ouais, sans doute ; ça va devenir amusant. Peut être bien que je suis lassée de jouer. Peut être bien que j’ai juste envie que tout s’arrête ou que tout commence, que j’commence à mal vivre les entre deux. Pourtant c’est mon truc à moi, dans tout ce que je fais, saisir l’intervalle. Choisir l’échelle limite entre toutes celles qu’on veut bien montrer. C’est ce que je fais, toujours. Me placer dans l’interstice, dans ce fragment d’espace qui n’existe ni pour l’un ni pour l’autre, moi j’suis toujours à la frontière, à la limite. A l’endroit où les règles se tirent la bourre.

Tu sais quoi, j’pense que je voudrais bien me laisser dévorer, pour une fois. Mais au réveil, c’est pas de croissants dont j’ai envie. Surprends-moi bordel. C’est pas tellement difficile, quand on sait qu’il suffit d’un presque rien.

On est là à vouloir se gueuler jveux pas qu’tu t’en ailles et pourtant on fait rien pour que ça n’arrive pas. J’l’avais quitté sur un adieu, et puis finalement, on n’en est pas capable. Pas cap de pas s’voir pendant dix ans. Mais y’a des trucs dont j’serais cap, si tu m’demandais. Putain, CAP.