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l'attrapable.

Y’a les feuilles d’automne qui étalent leur complainte sous mes pas, et j’trouve même pas ça triste. Les arbres ne sont pas encore nus. Pas encore.

 

Des jours comme ça, c’est bon. Ouais. Surtout comme ça, j’veux dire, quand tout se met en branle pour sur-railler le réel raisonnable. Ca fait des journées bien remplies comme je les aime, des jours où t’en vois pas la fin mais. Mais. Allez quoi, j’pense bien que j’ai même croisé que des mecs hier. A croire que jvais presque finir par m’entourer de gentils ; il me dit c’est leur égo tu sais, ça va avec les testicules faut croire, la fierté mal placée. Viens voir toi, un peu plus près, t’sais, j’me noierai bien dans tes yeux ; j’pensais pas que ça existait ailleurs que sur les fantômes, des yeux si clairs.

 

En vrac, y’a aussi eu une vieille soixante-huitarde qui m’dit mais regardez, ça part en couille. Merci m’dame, j’le vois aussi, qu’on revient faire trembler des fondements. On refera pas 68, malgré tout, enfin j’reste sceptique quand j’vois les collègues. Et puis l’éternel vieux bonhomme à la recherche du Beaulieu, et aussi Kamel qui m’arrache des sourires en gueulant vieille pute aux femmes trop fanées.

 

J’passe mon temps à être en retard, merde. Y’aurait plein de mots, et puis.

 

Juste la vue brouillée et perdu l’équilibre, un peu. Jusqu’aux frémissements dans les dernières phalanges après les mains qui se crispent sur l’attrapable.

 

Tu sais quoi, j’suis pas bien sûre de trouver les mots ; j’aurais pas mal de questions en fait, juste de la curiosité, juste pour comprendre. J’me dis ça a l’air inévitable, tu vois, de finir par désirer d’autres corps que celui qui partage ton existence. J’ai toujours eu comme une certitude que c’était pas possible, les serments jusqu’à ce que mort s’ensuive, mais quand même ; peut être que l’on devient moins excessif, quitte à la compromission. C’est difficile d’accepter à la fois le compromis et de se compromettre, je crois. Enfin, je suis pas sûre que j’pourrais, moi.

 

J’aime assez l’idée du fantasme. Pour être honnête j’ai aucune idée des ombres que tu vois, mais si tu veux, j’les imaginerai à l’occasion. Je tiens pas à dissiper l’erreur, parce que j’ai trouvé ça beau, ton imaginaire. J’pense que j’aurais aimé que tu me dises tu sais, ce matin au réveil, j’ai fait l’amour avec ma femme. J’suis vraiment pas une méchante moi, et j’suis pour la paix des ménages, surtout le tien. C'est pas parce que tu veux baiser la voisine que t'es forcément un mauvais gars, hein. Alors, j'veux bien être une machine à fantasmes. Un support d'imaginaires, une source de désirs. Ca sera déjà ça, pas vrai ? Pourquoi ? Parce que j’me demande ce que c’est, ce truc du vivre à deux. Je ne peux pas croire une seconde qu’on puisse continuer de désirer quelqu’un quand on cesse de le réinventer ; puisqu’il est là, sous nos yeux, ne laissant plus de place à l’idée de lui.


Ecrit par Perfect-plank, le Mercredi 25 Novembre 2009, 15:08 dans la rubrique Actualités.


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