J’transporte tout un tas de bouquins, tu vois le genre souris de bibliothèque, c’est l’habit que j’remets après avoir joué à l’apprentie enseignante un peu trop tôt le matin. Même si j’dois encore les noter, leurs travaux (de merde, faut dire. Fuck, on a du rater quelque chose pour, tu sais, qu’ils se plantent comme ça. Enfin on leur avait dit, ici c’est vous qui le faites l’enseignement, on peut pas faire à votre place, on peut juste insuffler et puis. J’crois que ça sonne trop ésotérique pour eux, tout frais sortis du lycée, j’leur parle sensibilité et apprendre à se forger le regard, j’leur dis regarde y’a du beau partout, question de cadrage, de composition, de lumière, de matière, de rythmes, de temps… suffit de savoir regarder, suffit de vouloir faire corps. Question d’espace, juste, de justesse aussi, j’en sais rien. J’leur dis mais regarde, t’as juste à te laisser emporter, c’est comme la musique, c’est comme la poésie, c’est pareil tout ça, c’est comme faire l’amour…)
Et dans mes bouquins, bah y’a des textes de fou et des images qui bouleversent, tu vois, du genre à filer des frissons rien qu’à. Rien qu’à. Figer des instants tous cons et des bonheurs éphémères du quotidien. L’image comme une histoire à redéployer, enfin, comme tout le reste.
J’resterai toujours subjuguée par l’intensité violente de l’émergence du simple comme évidence.
J’travaille sur les lieux communs tu vois, et j’sais pas faire autrement que d’avoir un rapport corps à corps avec mon travail, presque sensuel tu vois, et. Merde j’sais pas pourquoi j’dis ça. Et là pour le coup y’a le désir en filigrane, l’envie de glisser mes mains, mes pieds, mes doigts ; et ça devient presque érotique de m’atteler aux temps de respiration de ces pauvres usagers de la ville oppressante... quand j’me ressens comme étant ta respiration.
Commentaires :
Re:
Version XML
sojac