J'ai invité une copine pas féministe du tout et puis, j'suis en demi teinte là, à finir notre bière à minuit malgré le réveil trop tôt pour ces ptits cons de 1e année.

Elle me dit t’as la chance d’avoir personne dans ta vie. Parce qu’on est toutes assez connes pour faire passer notre mec avant notre taf, tu vois. Alors que toi, t’as cette chance là.

Ouais. Sans doute. Mais toi ptite meuf, t’as ton mec contre qui coller ton sommeil après une journée comme celle-ci. Moi j’ai des nuits vides et sombres. Remplies des désirs inassouvis. Des envies non comblées. J’me serre à mon ours en peluche parce que j’regarde encore les dessins animés au ptit dej, juste parce que j’ai rien de plus vivant, là.

J’vois bien que la vie à deux ça part en couille, regarde ma belle, même toi tu le dis. J’sens bien que ça te pèse, ce truc des compromis, ce truc du j’l’ai toujours préféré au reste, au burkina à l'argentine à tous les possibles, et que tu lui en veux un peu pour ça, malgré tout. Tu vois rien que pour ça, j’peux pas. J’vous ai connu l’un sans l’autre, j’vous ai connu aux tout débuts, vous rendre dingues, vous regarder comme la seule personne au monde, j’vous ai connu chacun à une extrémité du globe… Alors si même pour vous c’est difficile, bah j’vois mal comment j’pourrais y arriver, moi.

Ouais. Ca augure pas du bon pour la suite, à part cette espèce de sacerdoce pour l’espace, les gens, l’altérité ; j’vais dev’nir comme ma tante, j’lui envie son talent. Allez quoi, avoir toute une partie de ton boulot classé au Louvre, ça pose. Mais à côté hein, faudrait cliquer à chier dans le statut de la relation sur Facebook. J’sais pas bien. J’dis toujours j’veux pas d’une demie vie, alors. A voir, on dirait bien que c’est chaud de concilier avec ce qu’on fait, tu vois, en plus on fait qu’en parler, on parle que d’archi, on respire qu'à ça.

Merde, j’aurai voulu me coller contre toi ce soir. Tu sais, juste pour me donner l’illusion que de temps à autres, ça peut marcher. Même si c’est qu’éphémère, même si tout ça, tu vois, juste pour l’illusion qu’on n’est pas toujours seul.