La nouvelle année commence. Presque en double, une nouvelle année d’existence qui se superpose quasiment à la nouvelle année civile. On prend des bonnes résolutions, on se dit que ça devra être différent. Mais concrètement, malgré la semaine écoulée dans cette nouvelle dizaine, y’a rien de neuf. Je vis toujours seule. Avec mon chien et mon chat qui ont au moins la fidélité pour eux, et puis ce don de rechercher ma présence ; et c’est déjà ça, de compter un peu pour eux.
Y’a la neige. Qui recouvre, qui adoucit, qui glace. On s’écrit que c’est des jours à blottissement des jours comme ça. Qu’on a juste envie de se caler contre une présence chaleureuse et de bouffer des cochonneries, genre crêpes au nutella et cacahuètes. J’lui dis j’en ai assez d’être une amante, j’en ai assez de partager, j’veux pas d’un mec à temps partiel, même qu’il me fait même pas l’amour et qu’il rabache que c’est pas raisonnable. J’ai qu’une seule bonne résolution et c’est de plus laisser filer mes chances, j’veux pas mettre au pied du mur mais j’veux juste pouvoir fixer mes pensées, cristalliser mes désirs sur un quelqu’un quelque part.
J’avais pourtant rencontré un chouette type, et puis j’ai même pas su l’attraper. Juste les sourires et la complicité éphémère d’une rencontre le temps trop court d’une après midi. Et puis. J’en suis pas plus loin, j’connais que son prénom ; j’sais ce qu’il fait dans la vie, j’sais quelles sont ses perspectives d’avenir, j’sais ce qu’il désire pour la suite. Mais j’connais ni son nom, ni son numéro, ni son adresse. Je sais tout mais rien, en somme, rien qui permette d’envisager une suite. J’ai que le souvenir de ses yeux qui me lisent jusqu’au plus profond ; ces yeux là qui m’ont tour à tour glacée et électrisée, vampirisée et redonné vie. En le quittant j’lui balance j’pars demain, viens, t’as qu’à venir avec moi, on ira skier, et puis ; et il a hésité, vraiment, en disant c’est tentant, j’en ai très envie… Mais. Mais c’est pas raisonnable.
Vous m’emmerdez avec vos ‘raisonnable’. J’crois bien que la prochaine fois que j’entends ça, j’meurs sur le coup.
Commentaires :
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Alors je préfère te dire "raisonnable" plutôt que de te voir gâchée.
Remarque, "gâchée", c'est notre histoire.