Y’a celui qui appelle en pleine nuit. Qui a dû sonner aussi, sans doute. Pas entendu. Et alors. Mec, t’as ta ptite nana toi. Tu m’as dit je ne me vois pas construire avec quelqu’un comme toi, avoir des enfants, tout ça. Alors merde, vis ta vie, avec elle qui est toujours là, comme tu dis. Tu préfères me savoir seule que gâchée, ça veut dire quoi ça ? Tu crois que tu me gâches pas toi, à tromper ta petite innocente avec moi ?
J’en ai assez, tu sais. De tout ça, de toute cette merde.
Quitte à ne faire que rêver d’un autre ailleurs en parlant tour du monde avec mon beau brun aux yeux clairs, tu vois. Parce que lui et moi on est l’une de ces histoires non vécues dont j’ai le secret. A s’endormir contre, s’effleurer les lèvres et se tenir la main en regardant les étoiles et puis rien. A s’entrevoir de temps à autre, parce que. Dormir ensemble, ça reste doux. Pas avec toi, mais pas sans toi, tu vois, ne serait-ce qu’en toile de fond d’une vie bien remplie et bien lointaine. Finalement j’préfère presque ça, tu vois. Cette espèce de simplicité enfantine. J’aurais qu’à imaginer des suites, toutes les innombrables suites possibles, avec ce désir qui reste latent, pesant, grave. J’me dis ça fait tellement longtemps qu’on s’est croisés pour la première fois, qu’on entretient cette distance ambigüe, ça fait tellement longtemps que même si un jour on voulait aller plus loin, on pourrait pas de peur de briser tout cet imaginaire là.
Tu vois, j’en suis quitte pour préférer un monde de fantasmes. Réels, irréels, peu importe au fond. Je m’y complais. Je suis seule et j’ai recroisé mon voisin, et j’me dis merde, fallait vraiment que je m’ennuie, tu vois. Alors quoi.
J’voudrais dire que je m’en fous, qu’ils ont qu’à se faire foutre. Que je les aime comme au premier jour. Que le désir reste intact, l’envie, cette espèce de fascination. Oui, tout ça, et c’est précieux, je crois. J’veux pas gagner. J’veux pas jouer à la plus forte ou à la plus géniale. J’veux juste avoir le sourire.
Je m’en fous pas mal qu’on paraisse immortels. Je sais juste que certains souvenirs, eux, le restent.
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