Ça y est. Pause. Micro pause, au moins. Entendre le réveil qui sonne par habitude et puis l’éteindre, me réenrouler dans la couette en serrant Budd.
Me lever quand même, mais juste un peu plus tard, parce que le doudou il a quand même besoin de sortir ; enfiler deux trois épaisseurs par-dessus et par-dessous la nuisette, tfaçon y’a quand même personne qui fera gaffe. Et puis filer sous la douche brûlante en rentrant, prendre le temps, presque un temps de fille dans une salle de bains, c’est dire comme ça tranche d’avec les habitudes… Après le lait hydratant qui sent trop bon, resterait plus qu’à trouver une motivation maquillage, mais… pas tout d’un coup, hein. Aujourd’hui ça sera tenue cocooning, pantalon et débardeur en coton, un pull par-dessus si jamais. Et comme j’ai quand même pas l’habitude d’oublier d’essayer d’être un peu jolie, ça sera un pull qui dégage le haut du dos, la nuque, qui dévoile une épaule parfois.
Voilà. Mode pause. C’est dire, j’viens juste de prendre le temps de penser que c’est quand même dur de choisir entre la tenue top confortable et chaude et la tenue quand même un peu féminine, alors que ça fait bientôt un mois qu’il neige et qu’il fait froid. Y’a bien la robe pull grosse maille en laine qui allie les deux, mais faut quand même pas trop friloser des guiboles ; ceci dit, j’adore, j’adopte, je suis fan.
Oui, jfais ma fille aujourd’hui. Et alors ? Pour une fois que j’ai le temps…
En fait, j’voudrais juste un peu des mains sur ma peau. Connaitre la sensation d'une bouche. D'une langue. J’voudrais sentir une autre façon de me toucher. De me regarder. Pouvoir regarder les gestes, lire les ombres qui s’invitent dans les yeux et puis les étoiles aussi. J’voudrais une odeur dans mes cheveux pour m’envelopper toute la journée, le goût des lèvres et puis le poids des bras autour de moi.
J’lui ai dit je ne veux pas aller trop vite. J’ai dit ça, mais en vrai, j’suis pas sûre d’être capable ; ça dépend ce que ça veut dire, aller trop vite. Moi j’peux pas dissocier le sentiment de la pesanteur du corps. J’peux pas, c’est tout ; et j’parle pas de sexe, juste de présence. Après, j’veux bien, l’éloignement, tout ça. Mais tu vois, ça serait comme dire j’aime la glace à la vanille en sachant juste que c’est froid parce que j’ai mis le doigt dedans, et blanc cassé avec des points noirs. Alors que ce qui compte, c’est surtout l’effet saisissant du froid, puis le crémeux qui fond sur la langue, qui offre sur un plateau ce goût tendre et sucré en même temps. La glace à la vanille, c’est piquant et rond à la fois, et c’est pour ça que j’aime ; en vrai, j’me fiche pas mal que ça soit à points noirs.
Bon, mais un peu de patience. Il parait que c’est une qualité, la patience.
En attendant, j’imagine quel goût il peut bien avoir. La
rugosité ou la douceur de ses doigts. Le poids de ses caresses…
Et j’resterais
bien là, juste pour l’inventer encore. Pour m'inventer un amant.
Version XML