Plus que bientôt. Demain. Demain, 9h33. C’est étrange. Une fois l’échéance dite, l’impatience qui s’éteint presque. Qui réapparaitra seulement sur le chemin ou sur le quai, je le sais bien. Comme un autre matin, assez loin. Un autre matin où c’était pas moi qui attendais, mais moi qui étais sur le départ ; j’m’étais pris le temps d’un ptit dej et le train était parti sans moi.
J’sais toujours pas plus comment ça va se passer. Ses quelques mots d’hier étaient plein de lassitude, déjà. Celle où les questions prennent le dessus sur l’envie. Cette lassitude qui dit j’me demande pourquoi j’fais ça, ça n’a pas de sens, mais j’ai pas grand-chose à perdre. Mais qui se prend à y rêver quand même, un peu.
Viens, et on en saura plus. Je sais déjà qu’on le saura dès les premiers contacts, la première seconde, tout de suite, immédiatement. Et le reste ne sera que la délicieuse ambiguïté d’un désir latent, ou la complicité immédiate de deux bons potes.
Ma petite sœur me cuisine espérant que je lui raconte des trucs. Elle me dit t’as un amoureux et j’sais pas trop quoi lui répondre. Non, j’en sais rien, je sais pas, on verra. Mais dans sa tête à elle, ça marche pas comme ça. C’est oui ou c’est non. Pas de place pour les entre deux, pour les on en sait rien encore. Elle me dit mais s’il vient c’est que vous êtes amoureux. Ben, euh. S’il vient c’est qu’on sait pas encore, pour la suite. Elle me remue la petite, à m’appeler si souvent ces derniers temps. Elle a besoin de parler à quelqu’un, qui ne soit ni ses copines ni sa mère, et jdevrais montrer l’exemple. Ca commence bien, d’inviter chez moi un type que je connais qu’à peine.
J’vais voir, pour la suite, si j’retourne pas par là bas. J’pourrais me trouver un boulot dans le coin et puis, pourquoi pas, là où elle ira au lycée. Histoire de lui filer des repères ; elle le dit elle-même, que je suis un tyran, mais en même temps elle m’appelle sans arrêt. C’est bien qu’elle doit en avoir un peu besoin, des limites que je pose.
En parallèle, y’a du passé qui ressurgit. Il vient de se séparer de sa copine, celle de juste après moi. Il me dit ça fait deux mois que ça va mal, ouais mais mec, tu te rends compte que ça fait à peu près deux mois qu’on se revoit toi et moi ? J’lui dis c’est peut être moi le problème dans votre histoire, et j’t’ai déjà fait assez de mal comme ça, la laisse pas filer. ‘C’est bizarre cette situation, on se gueulait dessus tout le temps, t’es con, t’es trop conne, qu’est ce qu’on fout ensemble, et maintenant on a du mal à se quitter… Et en même temps y’a cette autre fille que j’aime bien… Et j’ai l’impression d’avoir passé plus de temps avec elle qu’avec ma copine ces derniers temps…’
Ben, euh. Oui, c’est bon de passer du temps ensemble. Oui, j’aime les ptits diners qu’on s’improvise. Et les soirées films. Et les trilogies. Et les séries. J’aime tout les moments qu’on passe ensemble, et ton odeur est addictive ; mais ça, ça date de notre première rencontre. Je sais déjà que je te reprocherais les mêmes choses. Cette espèce d’enlisement dans le ptit couple pépère qui bouge pas beaucoup. Je sais déjà que j’repartirai comme la dernière fois vers un autre plus pétillant.
Alors. Voilà. Prends le temps de digérer ta rupture, déjà. Et pour la suite, j’vais déjà voir ma suite. Parce que nous, on s’est déjà essayés à vivre une grande histoire, et on n’a pas réussi.
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