Ca devient presque un jeu. De considérer les déplacements comme le lieu de ma vie sociale. L’endroit où, en courant d’une obligation à l’autre, je reprends le souffle d’une existence presque normale. Je le croise dans un couloir et il veut papoter, alors j’lui balance si tu veux me parler, tu m’accompagnes.

Il veut m’inviter à diner, me dit mais t’inquiète, je te prépare à manger, tu pourras bosser pendant que je cuisine, j’vais même te faire gagner du temps. Alors je sais pas bien où ça mène, mais pourquoi pas. Y’a rien qui m’attire pourtant, chez lui. Ni physiquement, ni. Il gâche ses possibilités et il a déjà perdu une bonne dose de crédibilité, mais on a tous droit à de nouvelles chances, je crois. Quoi qu’il arrive, j’peux juste pas continuer de vivre sans relations au monde.

Les choses s’arrangent. J’ai pris un PV pour excès de vitesse. Pas étonnant. Le pire, c’est que je m’en fous. Et puis on m’organise des solutions, des solutions rien que pour moi, pour ne pas annuler le voyage. Merci. Ca change, pour une fois, venant de cette institution débile.

J’sais pas trop comment faire. J’sais pas trop ce que ça fait, d’entendre un ‘tu me plais’ qui soit réciproque. J’ai oublié comment ça fait, quand on est amoureux en vrai, quand c’est pas juste un mirage ou l’escalade d’un désir à assouvir. Il me dit t’as un rythme de folie, et alors, t’as un mec ? Bah non. J’réponds bêtement que j’ai pas de place pour caser l’éventuel dans mon emploi du temps, que je cours déjà après le temps, et que c’est difficile.

Un ptit peu de douceur, ça me ferait pas de mal comme ils disent à la météo. J’voudrais juste pouvoir croiser celui qui sera la pause dans cette course perpétuelle.