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Tri.

Deux trois jours que je nettoie l’ordinateur avant qu’il ne me claque dans les doigts, deux trois jours que je cleane tout ça entre quelques achats compulsifs que mon banquier désapprouverait inévitablement. Quoi, c’était pas nécessaire l’ensemble lingerie ? J’voulais juste me sentir un peu plus qu’une fille, et puis j’suis en vacances et j’essaie de rester confiante, de garder un peu de cette énergie qui permet de tenir les emplois du temps trop serrés ; la pression qui permet de garder la tête hors de l’eau, mais qui, quand elle se relâche...

 

Deux trois jours de fouilles quasi archéologiques là-dedans. Et y’a pas grand-chose en réalité. Du boulot du boulot du boulot, quelques photos souvenirs de vacances mais peu, de la musique que je n’écoute plus parce que les sites en ligne, quelques textes déjà vieux, des archives de papiers d’identités et autres vagues ‘importants’ – inutiles.

 

Pas beaucoup, somme toute. Pas beaucoup, pour une bestiole que je trimballe partout tout le temps ; jfais des tours sur les forums pour apprendre comment bien m’en occuper, du bidule, maintenant que j’ai pu sauvegarder l’intégralité des contenus. Au pire, si j’fais une bourde, ben j’aurais pas tout perdu, je formaterais et puis même si c’est chiant et long.

 

 

 

J’voudrais être plus.

 

J’sais pas, je sais rien je crois.

 

J’ai des boutons plein le cou, d’origine inconnue. On dit que c’est une allergie parce que ça donne un pourquoi. Moi j’pense que c’est comme d’hab, un bon vieux mélange d’une manifestation de stress à la con, d’une traduction physique de mon incapacité chronique à parler, la cristallisation de mes angoisses. Qu’on en pense ce qu’on veut, j’ai la peau toute en braille, j’voudrais bien savoir ce qu’un aveugle y comprendrait.

 

J’voudrais être capable de trouver un équilibre toute seule. Il me tend sa main et alors ? je la prends. Et j’veux pas faire de chemin sans lui. J’me fais peur, encore et toujours. J’fais pas trop la différence entre ce que je suis et ce que je veux être, alors j’me crois indépendante et vindicative, douce et tendre, fragile et cassée-réparée, donc plus forte.

 

J’lui ai dit une partie de mon histoire, une partie toute petite et j’ai gardé le pire pour la suite. J’lui en ai dit qu’un bout et déjà il était révolté, et j’sais pas trop comment avancer la suite, comment dire, comment.

 

J’lui ai dit j’peux pas être avec un mec idiot, j’peux pas, l’intelligence c’est peut-être pas la première qualité, mais c’est la deuxième dans ce cas. A physique égaux, j’préfère même un gros connard intelligent qu’un très gentil neuneu.

 

Je me suis réveillée chez lui ce matin et j’l’ai pas entendu se lever, j’voulais l’embrasser et lui souhaiter bonne journée et puis. J’suis partagée entre l’envie nécessaire de prendre soin de lui et. Et prendre soin de lui, ça passe par prendre soin de moi, je crois. Il me fait sentir ça, en tout cas.

 

Je m’occupe d’un bébé et j’me disais, j’voudrais trop dormir comme ça, comme lui. J’voudrais en être encore à autant d’insouciance, autant d’innocence. J’voudrais retourner en arrière et voir où ça a merdé, ce qui s’est passé pour que j’en sois toujours à deux cents à l’heure et toujours à douter de moi, toujours à courir pour semer les incertitudes.

 

J’voudrais retourner en arrière et dire à grégoire que je l’aime. J’me rappelle nos promenades sur la jetée et nos disputes idiotes, j’me rappelle les cabines d’essayage et l’hôtel minable du club, ses ptits dej au lit improvisés et mon premier bouquet de fleurs, j’me rappelle. J’me rappelle encore avoir écrit à sa mère, après ; avoir écrit votre fils et moi, on s’est aimés, on s’est aimés comme je ne pense plus jamais pouvoir aimer. J’ai écrit je ne me vois pas avec un autre, madame, il est le seul homme de ma vie, le seul avec qui j’aie un avenir, le seul avec qui je voudrais des enfants qui nous feraient ses mauvaises blagues. J’me rappelle les mots et l’effondrement et les larmes. J’voudrais tellement lui avoir donné plus, j’voudrais tellement savoir quel homme il serait devenu. J’passe mon temps à me retourner, mais j’sais pas faire autrement, comment on fait pour tirer un trait sur un grand amour quand il est toujours resté à son firmament, comment on fait quand rien ne l’a pourri de l’intérieur et qu’il reste toujours, toujours, aussi présent.

 

J’ai dit je vivrai pour deux. J’ai dit, je tâcherai d’être heureuse, et que tu sois fier de moi.

 

Et puis, j’ai toujours peur. Peur de te perdre encore, en laissant un autre m’aimer et l’aimer en retour. J’veux pas te laisser filer, pas encore une fois. Et ouvrir la porte c’est en quelque sorte lui offrir ta place, tu vois. Même si c’est irrationnel et que rien ni personne ne te remplacera, parce que chaque amour est unique.

 


Ce week-end quand j’avais peur, je fermais les yeux, je faisais le vide et. Et je me concentrais sur lui. Le présent. Mon présent. Sur le bonheur qu’on ressent à être ensemble. La simplicité et tout ce qui va de soi. S’imposer mutuellement à l’autre comme une évidence, et puis. Et puis. Le sourire qui se colle quand c’est lui qui sonne, l’impatience de l’accueillir, le bonheur de lui donner du plaisir.

 

 

 
Ecrit par Perfect-plank, le Mercredi 14 Avril 2010, 17:34 dans la rubrique Actualités.


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