J’ai un sérieux problème, avec l’incohérence. C’est le souci, quand on est toujours dans l’excès. Noir ou blanc, la nuit ou la lumière mais jamais la grisaille ; j’oscille entre l’exhaltation et l’angoisse, la passion fanatique et le désintérêt le plus total. J’connais pas les entre-deux, moi j’ai été dressée au pire ou au meilleur, mais jamais à l’insipide.
Finalement, mon absent avait au moins cette facilité à ne jamais se départir de cette idéologie. Une ligne de conduite dont il ne déviait pas ; je suis libre parce que je suis seul, je me veux libre donc je suis sans attache. Ouvert à toutes les opportunités de bonheur, dit-il, même s’il me semble surtout se fermer toutes les portes d’un plaisir qui serait un peu plus qu’éphémère.
Tu me parles de routine et finalement, la seule manière de s’en éloigner, c’est de se savoir comme lui toujours, toujours seul. Tout ce que je fais, c’est te voir dis-tu. Tout ce que je fais, en réalité, c’est me laisser guider par l’envie. Me perpétuer dans la situation où je suis là où je veux être, et rien d’autre, et nulle part ailleurs. Et mes mondes imaginaires et les mots qui s’égaient dans ma tête, lorsque tu ne sais plus si je suis là ou non. J’ai seulement l’habitude compulsive de m’extraire, d’être ici et ailleurs tout à la fois.
J’ai appris à profiter du temps qui passe. De celui dont on dispose, là. Parce que l’avenir prend toujours la forme d’une interrogation, que demain peut-être je ne serai plus là, que septembre peut-être je vivrai à Tours, déjà, parce que je me suis projeté là bas un avenir et des perspectives professionnelles. Alors. Alors on n’a que maintenant, il y a le maintenant dont on peut faire quelque chose, et la suite qui suivra ou non.
Je ne sais pas si je t’aime. Je ne sais pas si je sais ce que c’est qu’aimer. Je ne connais que l’ici et le maintenant, je ne connais que le pouvoir du choix, la force de dire je suis avec toi ici et maintenant parce que j’en ai envie, que c’est uniquement là que je veux être. Pour moi, la routine n’est que la perte de cette faculté de décision, cette perte du choix d’être ici ou ailleurs. Et si d’après toi la routine naît au rythme des habitudes qui s’installent, il me semble que c’est plutôt à la faiblesse ou à la paresse de se projeter dans d’autres possibles qu’on la doit.
Tu sais, je ne m’empêcherai jamais les regards ailleurs. Poser mes yeux sur un autre homme et me dire un pourquoi pas, me laisser séduire et choisir de rester ou de partir. Et si je veux souvent être plus que moi-même, c’est pour devenir toutes les femmes que l'on pourrait désirer, ne serait-ce qu’une fraction de seconde être tous les fantasmes, tous les possibles.
Commentaires :
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LiliLou
il parait qu'il y a une certaine aliénation dans la liberté, il faudrait revoir la copie de folie, oups, de philo, decidemment ce téléphone =)
j'aime beaucoup cette idée de fantasme, tous les possibles, une autre, toutes les autres, tous les autres. J'aime aussi ton coté brulant/glacé, à manier le chaud et le froid, le tout trop fort, le rien protecteur.
Il y a cette phrase, cette citation que j'ai piqué chez infra-rose qui l'a piqué à Allen : "You can live to be a hundred if you give up all things that make you want to live to be a hundred."
je trouve qu'elle te va terriblement bien.
Bonne nuit =)