J’crois bien que je me suis encore ramassé la gueule. Eparpillée. La nausée, les vomissements, j’connais que trop. Mais mourir, c’est toujours plus facile que ma vie. J’ai 23 ans et j’ai vécu comme si j’en avais 100. Et j’suis fatiguée. Et j’me demande encore combien d’épreuves je vais avoir à vivre, combien de fois je vais vouloir jeter l’éponge. Y’a eu cette volonté plus forte que tout le reste, dire adieu, disparaître, et puis la sensation de flotter, la prise de conscience qui te revient en pleine tête quand t’as déjà les jambes trop tremblantes pour faire un pas, le souvenir de la sonde et des jours d’hopital, et du plus jamais ça. Alors me faire vomir, tenter de reprendre le contrôle, aller jeter ceux qui restent loin, loin de moi, pour ne pas être tentée si je regrette les regrets.
Il me dit j’pourrais pas oublier ce qu’il s’est passé hier. Moi j’me rappelle juste. Avoir voulu dire que regarder un lever de soleil ça me ressemblait plus que d’aller me coucher tout pile au moment où il se lève sur les montagnes. Me rappelle qu’il n’a pas compris ça comme ça mais comme l’envie d’aller retrouver un grand à gavroche, dont j'connais pas le nom et avec qui j'ai parlé musique toute la soirée, qu’il s’est levé, a changé de lit. J'me revois errant dans les couloirs trois quarts nue et ne sachant pas pourquoi, ne retrouvant jamais mon lit, ne le retrouvant jamais. Alors m’être arrêtée dans un dortoir vide, à prendre le premier lit, la première couette. J’sais pas si j’aurais dû lui dire que des gens m’ont vue, ce matin, quasi nue, à le chercher partout désespérée, en courant dans ce dédale impossible avec les mains sur les seins. J’sais pas si j’aurais du lui dire, que j’avais des preuves avec moi, des preuves que ce pauvre type m’intéresse pas mais que j’avais mal, mal au point d’appeler mon frère au milieu de la nuit, mal au point de préférer dormir dehors, mal au point de me faire mal pour que cette douleur là s'arrête. Mal qu’il ne comprenne pas, mal de lui dire tout un tas de raisons quand la seule qui est raisonnable c’est j’ai mal que tu ne voies pas que je suis au plus bas, que si j’écris je vis je parle odieuse c’est pour que tu fasses attention à moi parce que je suis incapable de dire je vais mal, je vais mal parce que le passé me poursuit et que le présent m’enlève à moi-même, je vais mal parce que t’es là mais t’en as plus rien à faire, cette bague c'était trois fois rien et pourtant tu l'as reprise, comme tu t'es repris à moi, tu m’vois pas, tu vois pas que je suis en train de disparaître, que je mange que pour te faire plaisir quand t'es là, que je me lève parce que t'es là, que je dors parce que tu dissipes les cauchemars qui m'assaillent.
Tu vois pas tout ça.
Je t’ai expliqué pourquoi, le désir, et puis toi tu t’en
fous, tu me remets dans la gueule qu’on se touche plus, alors c’est bien ça
hein, quand j’essaie de parler tu comprends pas, je te dis ce qui me fait mal
et toi tu n’as que ça comme réponse, on se touche plus, on se désire plus. Et ça me rend malade de pas pouvoir, de pas réussir, mais j'ai eu peur, j'ai eu peur et à chaque fois c'est comme s'il me couvrait à nouveau d'insultes, comme si j'étais encore sous son poids, sous ses coups, sous.
Et moi je fais des cauchemars où il me viole encore, et où je me bats, et où je cours m’enfermer. Mais toi tu vois que ça, tu vois que le fait qu’on se touche plus, et que j’aille mal on dirait que.
Et j'suis qu'une sale petite conne égoïste, une petite putain comme il disait, sa pute, sa chose, et. Et y'a que la violence qui reste en filigrane dans ma vie, j'ai 23 ans et je connais que ça, la violence.
Commentaires :
Plein de douces pensées pour toi, essaye de te tourner vers les belles choses, et d'aller vers ce qui te fait du bien. Fais-toi tu bien
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humour lourd
(en espérant te faire esquisser un sourire!)