Vous savez quoi ? y’a un moment où on atteint un tel degré d’absurdité que ça en devient presque un vertige.
Voilà maintenant qu’il me balance que j’envoie des mails « enflammés » à son coloc. J’ai effectivement envoyé des mails, mais de là à parler de flamme… faut pas déconner non plus. Vous voyez, y’a plusieurs mois j’disais on dirait que j’peux pas avoir d’amis mais que des amants. On dirait que j’peux pas écrire sans qu’il y ait d’équivoque, sans qu’il y ait d’ambiguité, sans qu’on en lise malgré moi en tous cas.
Y’a un truc flippant, c’est que sérieusement, faut me voir comme sacrément tordue pour penser à des trucs pareils. Ecrire à son coloc pour le draguer, ça serait quand même être une vraie garce. En réalité j’lui ai écrit à lui parce que justement c’est son pote et justement j’pensais que ça ne soulèverait pas ce type de malentendus. Faut pas déconner, tu crois quoi ? que j’pensais me taper ton coloc et te voir au ptit déj ?
Non mais sérieux, j’me demande pour qui on me prend. Avec quels yeux on me regarde. Tu m’étonnes que ça n’ait pas marché si t’as ce genre d’opinion de moi.
Merde à la fin.
MERDE.
mes potes homo au moins eux ils m’emmerdent pas avec ça.
Alors, j'allais dire en exclu pour vous mais visiblement ils ont dû un peu tourner, les voilà, les fameux enflammés.
Il m’a quittée.
Alors, euh, voilà, j’suis pas au mieux.
J’aimerais éviter de
broyer du noir toute seule chez moi. Du genre aller rigoler en faisant
comme
si, en me disant chouette j’suis célibataire alors, avec un smile
jusqu'aux oreilles même si ça sonne un peu faux.
Moi.
Je t’écris encore une fois sans vraiment savoir pourquoi.
Sans doute parce que j’ai un peu bu. Sans doute parce qu’écrire est mon principal mode d’expression, sans doute parce que c’est plus facile d’écrire à quelqu’un que d’écrire dans le vide. Sans doute aussi parce que je ne pensais pas que tu me répondrais ; parce que ce que j’écris appelle en général, au choix, ou le silence ou la colère. Et que mes mots traduisent, au choix, ou le silence ou la colère.
J’écoute justice et c’est
des souvenirs de festoche un peu improbable, un festival à angoulême
(ville du
festival de la BD !!). Et l’été, pour moi, c’est les projets débiles du
genre aller toujours plus à l’est à pieds, ou prendre un bateau et se
faire la
côte croate en camping sauvage ; partir n’importe où, à l’improviste,
quelque part - voir ce qu’on y trouve. Ou se motiver pour un festival et
rencontrer des gens tous plus impossibles les uns que les autres. Ou se
faire une
régate, parce que la voile, c’est l’océan, et que. Et si j’ai toujours
dans ma
voiture un hamac, un duvet et une brosse à dents, ça n’est pas par
hasard.
Ca me fait plaisir que tu m’aies répondu.
J’dirais même que
ça me touche, mais je suis pas douée pour les déclarations
intempestives.
J’me laisse pas aller. En réalité, quelle que
soit ma
situation, j’ai pas tellement le temps pour ça : ni de m’apitoyer sur
mon
sort ni de. Enfin. J’ai sans doute un rythme trop intense, et pas assez
le
temps de souffler (c’est ce que dit mon médecin), mais quoi qu’il en
soit, je n’ai
pas l’impression de savoir m’arrêter ; j’ai surtout cette certitude que
je
vis pour ça, que je suis comme ça, un peu hyperactive et tout ce qui va
de pair.
De toute façon, je sais aller de l’avant. J’en ai mangé des pires. Même si j’y ai cru. Même si j’avais envie de ; même si je ne suis pas au mieux.
S. m’a dit que j’avais beaucoup changé depuis qu’elle était partie au Mexique. Que je faisais plus attention aux autres, que je me rendais plus disponible, que je m’étais posée. (j’imagine pas vraiment ce que je pouvais être, avant, si maintenant je suis « posée »… c’est presque un peu flippant, non ?) Mais ça me permet au moins de comprendre que j’avance, pas seulement pour moi, mais aussi dans mes rapports aux autres ; d’avoir développé mon empathie, et c’est important pour moi, parce que j’ai toujours l’intuition quand les autres ne vont pas, mais je n’y ai pas toujours prêté attention.
J’ai parlé avec un ami qui m’a dit que je projetais tellement que je ne laissais plus de place à l’autre d’être ce qu’il est. Que j’étais chiante et exigeante. Alors peut être que c’est le cas ; pourtant, je ne crois qu’à la liberté : s’épanouir soi-même, prendre du plaisir à vivre comme bon nous semble, accepter que l’autre ait d’autres intérêts, d’autres envies, quelque chose qui nous échappe ; et l’aimer aussi pour ça. Parce que c’est aussi ce qui fait qu’il est la personne avec qui l’on veut partager nos propres désirs, nos ambitions, et fabriquer des projets d’avenir.
C’est étrange parce que je n’ai jamais su croire au couple comme il est entendu de manière conventionnelle : je ne crois qu’à l’envie d’être ensemble à l’instant T ; et quand cette envie disparaît, il ne reste que l’habitude. Et, on passe facilement au-delà de l’habitude.
Je sais aussi
qu’il ne faut pas attendre d’aller mal pour aller
mieux. Et j'ai dit je vais mal, mais je fais en sorte d'aller mieux, et
il m'a répondu je me casse.
Je sais aussi que, par rapport à la plupart des gens, j’ai un rapport étrange à la vie et à la mort. Sans doute parce que j’ai connu l’une et l’autre d’un peu trop près, un peu trop tôt. Et que vu de moi et des ambitions que j’ai, ce qui est difficile, ce n’est pas mourir, mais vivre. Même si c’est quand même bon, de se sentir aussi vivant, même si ça veut dire avoir mal, même si ça veut dire être loin au-delà de ses propres limites.
En tous cas, c’était chouette de t’apercevoir (et je sais qu’apercevoir ne prend qu’un P – éducation qui ressort – même si je sais que l’orthographe n’est pas une preuve d’intelligence). Et ça me ferait plaisir qu’on prenne le temps d’un verre ensemble, à la Bobine ou ailleurs.
Du coup je rajoute celui d'aujourd'hui.
Histoire de.
Salut,
J'viens juste de voir p et visiblement je t'ai envoyé des mails "enflammés".
Alors histoire de dissiper tout malentendu possible, ça n'a jamais été mon intention.
Si justement j'écris à un de ses potes, c'est pour éviter toute ambiguité possible. Visiblement si j'rajoute pas toutes les deux phrases "ceci n'est pas un appel à venir me sauter" ça n'a pas l'air de fonctionner.
Désolée pour le dérangement alors.
Moi.
Commentaires :
Il serait peut-être temps que je me trouve des potes homo, alors.
Et puis ça "Et j'ai dit je vais mal, mais je fais en sorte d'aller mieux, et il m'a répondu je me casse." ça résonne un peu dans mon présent alors je compatis. Parce que putain ça fait mal.
Courage courage!
Re:
enfin si, un peu quand même.
Parfois, souvent, toujours... peu importe, si on est que parfois flippante ça veut dire qu'on l'est au minimum toujours un peu. Enfin. j'm'emmêle là.
bises
Re:
Re:
Bref, pourrais-tu te replonger dans le passé de ce blog et me donner une liste de tous les textes où selon toi, tu parles le mieux de l'amour que tu ressens pour une personne et qui mériterait peut-être un peu plus que ce blog.
Je travaille en ce moment sur un projet, une sorte de recueil, je ne sais pas encore, la forme n'est pas définie et dépendra surtout des textes. On parle de livre, peut-être accompagné d'un CD où les textes sont lus sur un fond sonore minimaliste. On parle aussi d'un film.
Bref, l'idée est de travailler sur cet amour écrit, accessible et numérique qui se multiplient sur la toile. C'est sans prétention, sans critique (plutôt mettre en valeur en fait) et ne t'en fais pas, je mets un point d'honneur à respecter l'auteur. C'est d'ailleurs pour cela que je te demande au préalable ta participation.
Je sais que cela ne doit pas t'enchanter de te replonger là-dedans, mais garde cette idée dans un coin de ta tête et tiens-moi au courant.
Re:
Sinon, pour le lol, complètement d'accord.
Juste, lol.
Re:
Je te laisse donc mon adresse mail et j'attends avec impatience tes mots.
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stupidchick