Je ne suis pas bien sûre que tout cela fasse sens.
Peser sans arrêt ce qu’on a à perdre, ce qu’on a à gagner. J’ai l’impression d’avoir épuisé ma dernière tentative, cette fois, ma dernière tentative de bonheur, oui, avec lui. J’ai fait tapis et j’ai perdu, et maintenant ? C’est pas comme si j’pouvais rejouer, comme ça, si facilement.
Bien sûr que c’est facile, suffit de se balader le sourire aux lèvres et de siroter un verre en terrasse, il suffit de ça. Mais après ?
Evidemment que j’lui en veux. J’lui en veux d’être encore, encore à genoux. J’lui en veux des enflammés et de tout le reste ; j’lui en veux et surtout je m’en veux, à moi. D’y avoir cru ne serait-ce qu’une seconde. Parce qu’il me regarde juste comme. Comme la pute qui est capable de faire des avances à son ami et coloc.
Je m’en veux d’y avoir cru. Je m’en veux de m’être risquée. Je m’en veux d’avoir cessé pour un temps de tenir les distances, de tomber les murs. Je m’en veux parce que j’ai comme la sensation que je n’y parviendrai plus, pas une fois de plus, et que j’ai laissé quelqu’un qui n’en valait pas la peine tuer mes derniers espoirs de bonheur, en lui livrant mes peurs et mes faiblesses, en m’offrant une fois de plus. Et.
Je me sens vide, pas de son absence, j’me sens vide de ne pas être capable de discerner, de m’être offerte trop généreusement, vide. Vide d’avoir été encore une fois mise à sac, vide d’avoir ouvert les vannes à un tocard qui ne voyait rien d’autre en moi que la petite pétasse allumeuse qui le tromperait dès que possible. Alors que. Vide. Vide de me détester autant, d’être aussi naïve, de me sentir aussi bête. Vide d’avoir abandonné ma confiance à quelqu’un qui ne la méritait pas. Vide de ne plus rien avoir à donner. Vide d’avoir fait tout ce chemin pour revenir en arrière pour une colère trop énorme et sans raisons, qui m’a ramenée autant de mois plus tôt. Vide d’avoir tout à recommencer, pour me sentir à nouveau à l’aise avec mon corps, quand il me considère ouvertement comme une trainée.
Vide de ne plus savoir que jouer un jeu malsain avec de parfaits inconnus dont je n’ai que faire. Vide de savoir que je ne laisserai plus jamais l’accès à quelqu’un de me faire aussi mal, vide de savoir que je ne suis plus capable de ressentir, excepté cette satisfaction malsaine de mener la danse.
J’me demande si. J’me demande si j’arriverais à le regarder
à nouveau sans avoir envie de le gifler ou de vomir. Y’a plus que ça, la
violence. Le cœur a déserté. Et j’me sens comme une ébullition de colère et d’humiliations.
Y’a plus que ça, la violence. J’avais dit, en filigrane de mon existence. Et
maintenant, tout ne se résume plus qu’à ça. La violence.
Et si mon absent ne l’est en réalité jamais complètement, c’est parce qu’il sait encore et toujours lire entre mes lignes. Même si. Et avec lui y’a tellement de même si. Alors bien sûr, ça n’est pas de l’amour entre nous. Même plus du désir. Juste une réelle tendresse. Et finalement, à côté de tout le reste, de toute cette violence, même son absence, c’est reposant.
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