Il est parti. On a cohabité quelques jours, et puis ?... On a échangé un baiser minuscule, un soir. C’était doux et tendre. On a regardé la fin du film en se tenant la main et ça avait la saveur des instants où, enfant, j’invitais mon meilleur ami à regarder des films à la maison. Il me dit t’es encore plus géniale que dans mes souvenirs, et ça avait des relents de regrets. De ne pas m’avoir suivie, d’avoir laissé passer tout ce temps, de ne pas avoir donné suite à nos étés.
Moi je me suis sentie bien. Avec la sensation d’un chouette moment, sans les angoisses de désir, de vouloir plaire, pas de nostalgie, pas non plus l’envie impérieuse de ses mains à redécouvrir mon corps. J’dormais avec mon ours en peluche dans les bras tandis que lui dormait un étage plus bas dans le clic-clac, et c’était très bien comme ça. De façon étonnante, y’avait aucune ambiguité. Je dis étonnante parce que, vu que je suis une salope, ça aurait du déraper. Un ex qui dort chez moi pendant plusieurs nuits, vous n’y pensez même pas.
J’ai revu le coloc et du coup, j’ai voulu chercher à comprendre pourquoi il avait pu y avoir ce genre de malentendu. Cherché à comprendre si y’avait effectivement des choses qui se passaient dans nos regards ou quoi que ce soit. Si j’avais malgré moi, des regards insistants ou des sourires éloquents, enfin ce genre de geste spontané dont on n’a pas forcément conscience. Bien sur il pourrait me plaire, en fait. Bien sur, j’crois que je pourrais faire une fixation, et puis il a ce côté surtout pas démonstratif –comme mon absent finalement. Alors dans l’absolu, dans un autre contexte, si c’était ni le coloc ni l’ami, j’crois que j’aurais pu m’imaginer. Juste, c’est entre mon chien et lui qu’il y a effectivement un truc qui se passe, et ça m'fait sourire.
J’sais pas trop par où terminer. Il est parti en me disant ça m’a fait plaisir et c’est trop rare, et il faut qu’on se revoie. Alors bonne route, et peut être à bientôt.
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