Le garçon virtuel ne l’est pour ainsi dire plus du tout, il
est même bien ancré dans mon réel. Je dois avouer qu’on m’a extrêmement
rarement embrassée avec autant de. De... De désir et de tendresse, de sourire
et de douceur, de joie et de simplicité. S’il n’est pas important, ses baisers,
eux, le sont. Je suis accro à sa bouche, à sa langue, à ses lèvres. Un baiser de lui et c'est une explosion de sensations qui déborde de tous les pores de ma peau.
En fait, j’ai pensé qu’il n’y avait rien de tel pour fuir un chagrin d’amour que de s’envoyer en l’air avec un parfait inconnu, et même si c’est lâche, la fuite, ça a le mérite de ne pas être d’un ennui mortel.
Je me demandais comment on pouvait embrasser et désirer avec autant d’attention, et puis, pendant l’acte, se révéler… Autre. ? En réalité, j’avais un peu envie de rigoler, et c’était tellement dur de me retenir, parce que. Ca ne se fait pas hein, de rigoler, pendant. J’me disais on peut pas être aussi doux pendant toutes ces heures et puis d’un coup, juste. Genre dr jekyll et mr hide enfin, un truc du genre, comme si… Enfin, c’était drôle. Et s’il n’est pas l’amant du siècle, il peut le devenir. Clairement. Parce qu’un type qui met autant de cœur à t’embrasser ne peut pas être le pire amant du monde, pas vrai ? J’veux dire, je me suis demandé à un moment, si… S’il l’avait fait souvent ou pas. Ou si la fille pouvait aimer enfin, j’me doute bien qu’on est toutes différentes, mais euh ; quand même. En fait, j’pensais à tout ça, pendant. J’veux dire, pour arrêter d’avoir envie de rire.
Et puis j’ai fini par prendre les devants et lui dire ce que je voulais. Et j’ai senti que ça le déstabilisait parce qu’il voulait bien faire et,. Et en même temps c’était bizarre pour moi, de le guider. Finalement, il a du bon le garçon virtuel. Parce que comme il s’y prend comme un pied, j’suis obligée de formuler mes désirs, pour que. J’me réapproprie, j’me réintègre. J’veux dire, j’apprends à rechercher le plaisir et j’apprends à savoir ce qui m’en donne et j’apprends à ne plus en avoir honte et j’apprends à le partager. Finalement, c’était un grand pas.
Je crois vraiment qu’il est timide, en fait. Et j’me doute bien qu’il sera pas l’homme de ma vie, même s’il est le garçon que les mamans adorent et que leurs filles devraient épouser sur le champ : il est intelligent, touche-à-tout, curieux, un peu sportif (d’ailleurs, lui aussi, il vole, il via-ferrate, enfin, voilà quoi…), drôle, mignon, non fumeur, un peu trop sérieux, il sort peu sauf dans les pubs, ne drague pas, a du goût, et un joli sourire. Il est aussi daltonien et gaucher, ce qui me fait plutôt rigoler, et il a des cils interminables dont je suis jalouse, et il ne fait pas semblant de s’intéresser à l’art parce que ça fait bien.
Et surtout, il est reposant. Il me demande pas d’être une autre. J’lui ai présenté mon ours en peluche, et j’pose sans arrêt des questions anodines du genre tu crois qu’ils dorment où les pigeons quand il pleut, et ces cinquante mille choses que je pense à la seconde je les dis à haute voix, et ça le fait rire et il essaie de me répondre, tant bien que mal, et parfois ça dérive vers des sujets plus sérieux, et finalement, ça se passe très naturellement.
Bien qu’il soit le garçon virtuel.
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