Je sais pas si je dois faire ça ou non. Aujourd’hui j’ai écrit à la ptite que je l’aimais énormément et que j’espérais qu’elle échapperait aux drames que j’ai du dépasser. Faut croire que j’suis dans une période où j’ai besoin de partager un peu plus.
Tu sais, je me demande parce que j’voudrais pas te faire flipper. J’écris toujours super noir et super sombre, mais en vrai, ça va pas si mal. Juste un exutoire. Comme depuis le début, enfin depuis toujours, j’crois bien que j’ai du naitre avec beaucoup plus de mots à écrire en réserve que de mots à prononcer.
On dit toujours que j’dis rien enfin, ça dépend, maman m’a dit tout à l’heure que je parlais pas beaucoup de après septembre, en réalité c’est que déjà y’a mon diplôme et puis ensuite, y’a pas mal de passé à arrêter de fuir avant de penser à un avenir.
Tu sais, quand j’étais allée voir ce psy, tout ce qu’il m’a dit c’est que j’avançais très bien toute seule, que je faisais moi-même un gros travail, de prendre du recul etc. Il m’a dit que je n’avais pas besoin de lui. Alors j’continue d’écrire puisque je ne sais pas vraiment faire autrement.
La réalité c’est que je suis à la fois rationnelle et raisonnée, objective, plutôt réaliste, mais aussi pleine d’angoisses et de peurs, ce genre de choses. J’ai du mal avec l’idée de quitter grenoble parce que quand je suis arrivée ici, j’étais en miettes, et que si je ne suis pas encore complètement sur pieds, c’est ici que je me suis construite. Et j’sais pas trop ce que je donnerai, ailleurs. C’est peut être le moment d’essayer, j’sais pas trop. Parce qu’à part le fait que je connaisse chaque petit coin de cette ville, chaque pavé descellé, l’odeur de chaque rue, et que j’aime cet endroit pour plein de raisons, bien que je me sente ici chez moi, que m’éloigner trop longtemps me fasse perdre les pédales un peu, y’a rien qui m’y retient. Peut être que j’arriverai à me sentir chez moi ailleurs, et à tenir debout.
Ou peut être que je reviendrai ici, si jamais. J’ai l’impression d’avoir passé tellement de temps à fuir que j’en ai presque oublié qu’on pouvait aussi revenir, parfois.
En fait, j’ai vraiment très peur de passer ce diplôme. Pas de ne pas l’avoir, ça je pense que maintenant c’est presque joué. Peur de le passer. Et de passer à autre chose. Parce que tant qu’on n’a que ça en tête, on n’a pas à faire face aux autres soucis.
Papa et maman ne m’ont jamais vraiment soutenue dans le choix de faire archi et pourtant, je sais que je ne saurais rien faire d’autre. Pour recyclage et urbanité, on a été publiés, dans un vrai livre et tout ça, et j’fais partie des 5 sur 80 qui font une mention recherche, et j’suis la seule parmi eux à avoir touché une bourse. Parmi ces 80 personnes de la promo, on est deux à avoir fait un double cursus, mais pas dans la même filière. Alors, au milieu de tout ça, je sais que je suis spéciale. Et que si je ne suis pas ‘brillante’, j’ai des qualités que d’autres n’ont pas, et que j’ai acquis des compétences spécifiques. Et pourtant, j’ai peur. De la suite. Même si, honnêtement, ça pourra sans doute pas être pire.
Et puis je tiens un blog et quelqu’un m’a demandé de rassembler des textes, pour, pourquoi pas, un recueil. Alors j’me dis que même si j’écris un peu glauque etc, même si j’écris surtout pour moi, j’dois pas être si mauvaise. Même si c’est là que se trouve mon égocentrisme exacerbé. J’suis pas très sûre que tu aurais vraiment envie de le lire, mais si jamais, je peux te donner le lien.
Et j’sais pas pourquoi je t’écris tout ça, maintenant. Sans doute une preuve de confiance et puis aussi, une manière de me partager un peu plus.
A très bientôt,
Version XML