Alors voilà, jsuis rentrée, j’ai pas vu le temps filer, pour résumer y’a eu un barbec et une bonne gueule de bois, un bal populaire à la fête du cochon avec des types souls qui étaient juste complètement incroyables (oui ça existe ce genre d’évènement, et oui j’ai rigolé – t’aurais vu le type, lui il envoyait du rêve… remarque, à la fête du cochon…) y’a eu du canoë et du mal au bras, les cheveux ont blondi un peu au soleil et la peau doré aussi,  y’a eu un resto de fou où j’osais pas rentrer parce que ça avait l’air trop classe, un son et lumière très joli et puis une panne d’essence en rase campagne à une heure du matin. Un radar, aussi, au retour, et ça fait chier, et mon compte à découvert. Y’a eu aussi la prof qui harcèle de mails et de messages, à qui il a fallu envoyer l’avancée du travail au milieu du séjour.

J’suis chez moi. Et j’suis rentrée en me demandant si j’allais encore rentrer ici souvent, j’veux dire, j’ai aucune certitude pour l’avenir. Est-ce que je reste, est ce que je pars, est ce que. J’en sais rien. J’aime ici. Mais j’aime aussi là bas, et sûrement plein d’autres ailleurs que je ne connais pas. On verra bien. Mais le temps passe, file, trop vite, et il va bien falloir, à un moment, que.

Il y a eu cette lettre complètement folle, il me dit je fuis l’engagement mais l’engagement me rattrape, et si il y avait une fille avec qui je voudrais me lancer ce serait toi. Et. Euh. Il s’est imaginé vivre avec moi et. Et moi j’suis pas prête à ça, ça c’est certain. Je sais pas quoi dire. Je savais que ce passage ici allait te remuer les souvenirs, mais. Je sais pas. Faudrait p’t’être faire les choses dans l’ordre. Du genre trouver un boulot, un appart’, me trouver un équilibre, et puis, peut être.

Je flippe quand on place son destin entre mes mains. J’ai croisé des salauds et des tocards alors j’me suis un peu blindée, j’sais pas trop comment on fait face à un vrai gentil. J’ai tellement d’incertitudes dans la tête que je flippe de ne pas pouvoir me projeter dans l’avenir, même si j’dis toujours tant que je suis bien avec quelqu’un je reste et puis quand ça merde je pars, et voilà. J’dis toujours c’est qu’une suite d’instants agréables jusqu’à ce que. Et pourtant le fait de ne pas pouvoir envisager d’avenir ça me pose un problème. Pleine de contradictions…

J’ai plein de choses à donner sans doute et plein de place pour aimer, je sais ça. Je m’émerveille d’un rien et. Et j’supporte pas de faire du mal. J’ai du mal à dire non. Je sais pas bouder ni me mettre en colère. J’voudrais juste, tu sais, ne pas sentir que je peux te blesser. Parce que j’ai déjà du mal à tenir en équilibre, c’est pour ça que je cours, et j’voudrais pas. Et d’habitude c’est moi qui morfle. Et je sais que je suis capable de me relever, alors j’hésite pas à me risquer. Mais j’veux pas te faire mal. Mais j’veux pas non plus prendre des gants et ne plus être moi-même, alors. Tu attends dans le doute mais arrête de douter, en vrai, j’vois pas de quoi tu doutes. Je t’ai fait de la place. Rien qu’en te laissant ici. Et même si j’sais pas tellement de quoi sera faite la suite, je veux voir. On dirait un poker, en fait. Sauf que j’veux pas de perdant.