J’ai croisé ces mecs trop parfumés dans la rue, dans leur sillage ce genre de parfum boisé, épicé, enveloppant. Pas un de ces trucs cheap et agressif tendance bombe à chiottes, non, bien que beaucoup trop pesant c’était plutôt doux et chaleureux, et pourtant j’ai pensé que je détestais ça. J’me suis souvenue de ces types avec qui j’ai pu être, plus jeune, dont je n’aimais que l’odeur, ces garçons que je ne voyais que parce que j’aimais les sentir, au sens premier du verbe. J’ai toujours été bouleversée par des choses infimes ; je me suis offerte complètement, totalement, absolument, pour une odeur, un regard, de jolies mains, une intonation particulière pour prononcer mon prénom, une fossette dans un sourire, ces petits plis au coin des yeux. Un rien me chavire pour un tout incertain, un petit rien comme le grain de sable avant la perle.
Je détecte toujours le meilleur, ce petit détail qui n’est rien en apparence, cette petite chose qui alors ne semble exister que pour moi. Quand on me dit que tout le monde n’est pas doué pour le bonheur, je crois qu’en réalité on est tous équipés pour, simplement on n’écoute pas assez nos sens.
Hier, oui, hier je crois, il y avait cette lumière étrange dehors, la ville était comme recouverte d’un rose sépia, c’est comme si un film invisible s’était déposé partout, et j’ai vagabondé des heures rien qu’à me projeter dans des rues teintées d’ancien, j’me voyais dans une de ces vieilles photos qu’on imagine dans les albums de nos grands parents, et je crois que j’aurais aimé y vivre un peu plus longtemps. C’était superbe et j’aurais voulu en capturer un peu, ramener ça à la maison, m’en délecter encore a little while et pourtant les rues étaient désertes ; mais ça sentait l’orage qui n’est jamais venu, rien que la pluie, une grosse partie d’aujourd’hui.
Une goutte de pluie s’est glissée dans mon décolleté et j’ai trouvé ça cute, en réalité, c’était froid et pétillant, j’ai ressenti un frisson lent et excitant, à la fois bref, intense, surprenant mais avec cette impression qui persiste.
Je crois que j’ai vraiment envie qu’on me touche, j’ai pensé à la prochaine fois, me suis demandé si j’arriverais à me délecter du plaisir de retarder encore le moment ou si je brulerais littéralement toutes les étapes. Mais je suis tellement à fleur de peau ces jours ci que rien que sa bouche croquant mon cou serait une jouissance en elle-même.
Can’t wait.
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