J’sais pas ce qui m’refile le sourire à chaque seconde. J’en sais rien. J’me lève le matin et même les yeux encore ensommeillés, y’a rien de plus cool que de tirer les rideaux, ouvrir en grand, choper des fringues à la va vite et se bouger parce qu’une nouvelle journée commence. J’ai le sourire en prenant le bus et j’aime bien le sourire entendu du conducteur qui me croise tous les matins, je lève les yeux au ciel en m’disant que j’ai de la chance, même si j’ai jamais cru à la chance mais juste aux possibles qu’on se provoque.

J’viens de rentrer et j’ai toujours pas préparé cet oral, et j’m’en fous, enfin, je m’en fous pas, mais je m’angoisse pas. J’vais retrouver des gens que j’aime pour une petite journée et c’est ça qui compte, plus que toute autre chose.

Y’a plein de trucs mignons autour de moi. Du genre mignon-attendrissant, pas mignon débile. Des petites choses, des petits trucs qui filent encore un peu plus le sourire.

J’me dis que demain j’vais leur parler de générosité et de temps, parce que finalement c’est uniquement ça, mon métier. Même si y’a l’espace, forcément, comme enjeu. Mais un espace sans générosité, ça ne devient jamais un lieu ; un espace n’est rien sans le temps qui le fait devenir, alors voilà, y’a que ça, le temps et la générosité. Le reste, c’est secondaire, c’est technique, ça vient de là. Tout est une question de justesse, et peut être de mesure aussi.

Peu importe. Je suis exactement là où je veux être. Et c’est p’t’être ça, qui m’refile le sourire.