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Ce qu'il reste.
J'étais là dans ce bar où tu m'avais demandé de te rejoindre ; c'était un de ces rendez-vous d'après rupture, où l'on se remet mutuellement ce qu'il restait de l'autre dans notre vie. J'étais là dans ce bar où tu m'as plantée lâchement en balançant un billet de dix sur la table. 

Je repensais à ce moment et j'ai juste pensé à quel point tu es lâche, à quel point tu es faible, à quel point tu n'es pas un 'homme' au sens où je l'entends, au sens où j'espère celui qui partagera ma vie.

T'es parti et moi je suis restée, tranquillement, accoudée au bar, t'es parti et j'ai commandé un café en dévorant le serveur des yeux avant de me mettre à écrire. J'suis là à griffonner, seule au comptoir et finalement je m'y sens plutôt bien.  

J'ai pas mis de soutif ce matin, t'as remarqué ? C'est peut être ça qui t'a fait fuir après tout...

Tu sais, y'a tellement de trucs dont j'ai honte dans ma vie. J'ai honte d'un million de choses, j'ai honte d'avoir couché avec autant de gens, j'ai honte de ne pas me rappeler des prénoms de toutes les personnes dont les doigts ont glissé sur ma peau ; et j'ai presque honte d'avoir passé autant de temps avec quelqu'un d'aussi insipide que toi. Honte du mec qui me demande à lire ce qui est écrit sur cette bague et dit d'un air idiot 'c'est pas très compréhensible'... Evidemment, évidemment c'est pas compréhensible, c'est une page d'un bouquin montée en bague, évidemment on n'en déchiffre que quelques mots, et c'est ça que j'ai aimé tu vois, c'est ce qui m'a tapé dans l'œil quand je l'ai achetée, ces extraits, ces quelques mots 'rivière enchantée' 'des manèges' et 'autos'. Tu vois à chaque fois que je la regarde, à chaque fois que je lis ces quelques mots ils m'emmènent ailleurs, dans une fête foraine ou dans le monde d'Alice, peu importe, mais c'est ça qui est beau, c'est ce qui fait que ce bijou me plait. Alors oui, excuse moi de te regarder avec mépris quand tu me sors ce genre de connerie. 

Je crois que t'as jamais rien eu à m'offrir, ni culturellement ni sexuellement ; tu connais des personnes d'intérêt et c'est ton seul talent. Alors oui, je sais que le réseau c'est important. Mais pour ça il faut qu'il y ait un échange. Sais tu ce que tu leur apportes ? J'peux pas aimer un faire valoir. Mais le pire, le pire ce que tu pourrais avoir du talent si t'avais juste un peu les couilles.

Et puis toi, t'es du genre à donner puis à reprendre. T'es du genre à offrir et puis quand ça se termine tu réclames les cadeaux que tu as fait. Il est allé autour de combien de cous ce putain de collier ? Tu l'as sortie à combien de personnes, l'histoire du bijou de famille ? Ca marche pas comme ça tu sais. On peut pas donner puis reprendre, ou alors fallait pas donner en premier lieu.  

Tu tiens tellement au matériel, je me dis que tu dois être très malheureux. Parce que tout ce qu'on a, c'est que du vent. Ce que tu as aujourd'hui tu ne l'auras peut être plus demain, et c'est pas si grave tu vois. Et je sais pourquoi t'as mal au cul. T'as mal au cul parce que t'es incapable d'être maitre de ta propre existence, que tu te laisses porter par le courant et te poses en victime de ta propre vie. Tes choix ne sont pas les tiens, ils sont dictés par ce que pensent tes amis, par leurs goûts, leurs choix. Je suis dure mais c'est parce que j'ai la conviction que si t'avais des couilles, tu aurais vraiment du talent. Si t'étais moins campé sur tes certitudes normatives, si t'acceptais un peu plus ce qui sort du cadre, si t'arrêtais de te laisser guider par ce que tu connais pour aller vers ce que tu es.

Tu me dis que je t'ai mis des coups de pied au cul et que je t'ai permis d'avancer. J'ai juste envie de te dire qu'à ton âge c'est peut être pas trop tôt... 

J'ai pas voulu te dire que la personne que j'ai hébergée, c'est mon ex. Qu'il fait partie de mon histoire, de mon passé, de mon présent et de mon avenir comme je fais maintenant partie des tiens. J'ai pas voulu t'enfoncer plus en te disant que j'avais pas fait l'amour comme ça depuis trop longtemps. J'ai pas voulu te donner les détails parce que le sexe, entre lui et moi, ça a quelque chose de ... cosmique. C'est juste un truc de malade que je n'ai connu avec personne d'autre que lui. Même si, de ce côté là, j'crois que t'es le pire amant que j'aie jamais eu. Je n'aurais jamais imaginé passer autant de temps avec quelqu'un qui ne m'a jamais donné de plaisir... C'est dire à quel point j'ai pris sur moi pour tenter de faire vivre cette histoire, c'est dire à quel point j'ai voulu y croire... C'est dire combien j'ai pris sur moi pour te donner le temps de devenir l'homme pour lequel j'aurais pu revêtir tous les rôles ; être ta femme, ta meilleure amie, ta mère, ta fille, ta pute. J'aurais pu être celle que tu voulais, j'aurais voulu devenir tout ça pour toi. J'aurais pu l'être, si tu avais été un 'homme'.

Tu vois, ça m'est égal, la réussite. Je me fous que tu réussisses ou non, j'ai juste besoin de croire que t'es bon, d'être fière de l'homme qui m'accompagne. J'ai envie de mouiller ma culotte rien qu'en sentant son regard se poser sur moi, de frissonner à l'idée de ses mains sur ma peau, d'avoir la chair de poule au son de sa voix. J'ai besoin de pouvoir le dévorer des yeux en me disant que ce mec est le mien, j'ai besoin qu'on me rende dingue à ne pas supporter qu'une autre t'effleure. 

J'ai besoin d'irrationnel.

 

Je lui ai dit que j'étais désolée et je lui ai présenté toutes mes excuses, parce qu'il m'a rendue dingue avec cette distance et la distance dont il faisait preuve. J' lui ai dit qu'il me rendait cinglée parce qu'avec lui j'avais plus de repère sensé auquel m'accrocher. Parce que c'est pas rationnellement que je suis amoureuse de lui, mais qu'il n'y a aucun pourquoi. Ou alors des centaines. Parce qu'il m'agace, parce qu'il a toujours raison, parce qu'on a rien de commun, parce qu'on ne parle pas le même langage, parce qu'il a toujours un coup d'avance, parce qu'il me connait trop bien sans que je sache comment, parce que je me sens toute petite quand je le regarde. Parce que je le trouve beau sans savoir pourquoi, parce que j'aime le regarder, parce que j'aime son odeur même après l'amour, parce qu'il m'énerve à un point tel que j'en perds mes moyens. Parce qu'il me fait me sentir désirable, parce que j'ai envie d'être belle pour lui, parce que j'ai bien ancré dans le souvenir cette nuit où, m'endormant, je l'entends me dire 'mais putain qu'est ce que t'es belle'. Parce que quand je me réveille avec un suçon le matin ça me fait rire, parce que j'ai pas du tout envie d'être libre quand je suis avec lui, parce qu'il pourrait me broyer la cage thoracique en me serrant dans ses bras, parce qu'il est terriblement exigeant et dur et rude, parce que sa fille est tout pour lui, plus que je ne le serais jamais, et que je trouve ça beau même si ça me fait terriblement mal. Parce que me risquer avec lui c'est peut être aussi me perdre mais que je ne peux pas y résister...


 
Ecrit par Perfect-plank, le Dimanche 28 Avril 2013, 18:17 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Anonyme
03-05-13 à 14:10

Si on ne sait pas dire ce qu'on aime chez l'autre, si on ne trouve pas les pourquoi, alors c'est très probablement de l'amour. Parait-il...
Vous êtes amoureuse.
"Si vous n'allez pas vers ce que vous voulez, vous ne l'aurez jamais. Si vous ne demandez pas, la réponse sera toujours non. Si vous ne faites pas de pas en avant, vous resterez à la même place."

Et si vous sortiez du rêve et que vous osiez pleinement entrer dans cette réalité ? Si vous preniez confiance en vous et que vous décidiez que vous pouvez être LA personne pour cet homme. La femme dont il a besoin au-delà du fait que sa fille soit à la première place dans sa vie. C'est saugrenu comme idée d'ailleurs... Lorsqu'on est en amour, ce genre de distinction n'existe plus. Il n'y a pas de première place, ou de dernière, car il y a de la place pour tous, chacun à la sienne.  

L'irrationnel mène au chaos... Vous pourriez rendre tout cela possible, réel, si vous y croyiez.

 


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