Ça commence par un train raté. Non, ça commence par un café ; et puis une sorte de marathon impossible : courir, attraper le tram, re-courir, prendre mon billet, courir encore, le quai, et pfuit… le train qui s’en va. C’est beau, un train qui part ; un train qui part, sans moi dedans je veux dire.

Pourtant, j’avais fait les choses bien : un café (est ce le détail qui m’a fait perdre ces deux minutes ? mais… pas de journée qui commence sans café… addictions en tous genre, c’est mon truc), pas de maquillage – non, pas le temps, et puis, jvoudrais pas avoir l’air de vouloir lui plaire, mettre quelques fringues prises au hasard dans un sac (j’ai arrêté le « comment je m’habille »), une caresse au chat, ne pas oublier les crocos, et hop, me voilà partie.

En fait, ça a surement commencé par un réveil trop tard. 7h10, pour être dans le train à 7h44, oui, c’est vrai, c’était un peu optimiste… Mais c’est tout près, la gare ! (Mon œil oui, avec ce tram qui n’avançait pas… toujours pressés de nous laisser sur le quai après un 100 mètres, mais jamais pressés d’arriver à destination…)

Premier train raté. Alors, ça fait quoi ? Vos impressions mademoiselle ? Eh bien, c’est assez frustrant. Mais c’est très doux, malgré tout. Oui, très doux. Sourire. Et un sourire du jeune homme qui distribue les revues gratuites à l’arrêt de tram. D’un coup, plus de pression, plus de stress. C’est juste un voyage, un voyage dans l’inconnu, un voyage chez lui, même. Un voyage en moi-même, surtout ; un voyage intérieur qui me mène déjà plus loin que je ne l’aurais imaginé. Voilà pourquoi c’est si doux. Et puis c’est doux aussi parce que… Parce que, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part. Oui. Et c’est le cas – du moins je crois.

C’est doux aussi, ce petit sms pendant que je change mon billet. Sourire. Sourire de Madame SNCF, aussi. Qui ne comprend pas ma mine réjouie alors que je viens de laisser filer le wagon… Bah quoi ? On n’a pas le droit d’être heureux pour un rien ? Oui Madame, je suis heureuse. « Les raisons ? Y’a pas de raisons. On n’a pas besoin de raisons quand on a l’héroïne. » (Trainspotting) On n’aura qu’à dire… On n’a qu’à dire que mon héroïne à moi, c’est l’adrénaline. Bon, vous me direz, pas si énorme la montée d’adrénaline quand on voit un train qui part. Oui. Certes. Mais quand même. J’ai failli être dedans !

Le prochain, il est dans… 2 heures. Et celui là, je ne vais pas le laisser filer comme ça, je me jetterai sur les rails s’il le faut (euh… mauvaise idée, ça retarde le départ, mais je suis pas sure d’être en état de monter dedans…)