J'ai hésité à t'écrire. J'ai hésité à te livrer encore mes mots qui seront écrits malgré tout. J’ai cru que je ne le ferais pas. Pourquoi ? Parce que je ne suis plus très sûre - il n'y a que les idioties qui ne méritent pas de réplique. Parce que je suis fatiguée et que même si je t'écoute et te parle, tu n'écriras pas, et me lire te parait anecdotique.
Recommencer. Recommencer les soirées trop longues, les nuits sans sommeil, les journées à courir après les trams, après le temps, après toi-même surtout. Une fuite en avant. Ouais, t’es au courant. Mais le temps file et les obligations s’entassent, s’emmêlent, s’imbriquent, tandis que les engagements pèsent déjà presque trop lourd.
T’es là à écrire tes mots qui ne servent à rien, malgré les projets en retard, malgré les projections qui n’ont rien de projeté, malgré les solutions que tu dois encore trouver et ce mémoire qui te dit qu’il va bien falloir que tu t’y colles. Evidemment t’y prends du plaisir, parce que tu kiffes ça de taffer, que c’est ta drogue à toi, que t’aimes ce que tu fais et que tu y prends un pied peu imaginable pour les non passionnés.
Retrouver cet univers dont tu t’étais déconnectée, réintégrer l’habit des rendez vous à ne pas manquer, des cours que tu veux suivre, des réveils trop tôt, des bouquins à rendre à la bibliothèque après les avoir lus évidemment, des boulots où tu cours pour être à l’heure, du temps à dégager – pour toi, pour les autres – mais toujours entre deux obligations… T’es là, tu cours et tu cours encore, tu te sens libre comme éphémère, mais tu sais pas trop où tu vas alors tu continues de courir après l’horloge…
Il te dit qu’il est jaloux ou qu’il ne l’est pas, tu sais pas trop quoi dire, toi t’es pas jalouse et puis tu tiens suffisamment à lui pour lui dire tu es libre, tu es libre, vole, pars, fuis, si c’est ce que tu veux, trouve ailleurs ce que je ne peux t’offrir… non t’es pas possessive, ça sert à rien de chercher à mettre en cage, ça détruit l’autre, ça lui vole sa vie, et ça te ressemble pas. T’es là à lui donner sa liberté alors qu’il dit qu’il la saisit, peut être parce que t’espères que ce soit toi, sa liberté. Ou que t’espères rien du tout, parce que tu sais plus où idéaliser, que t’utopiques toujours, et que là, t’as juste choisi d’être libre, que tu t’es détachée, que tu t’es enfuie dans ta putain de liberté, et que t’as soif de sentiments forts.
Et puis t’es là le cul entre deux chaises, tu trouves pas ça très stable et t’as raison, mais t’es pas sûre de vouloir des certitudes, là c’est toi qu’a choisi que le sol soit mouvant, le sol et puis les murs et ton plafond, tout se trouble, tout se floute, et c’est peut être pas si mal le flottement…
Quand même, tu te prends à croire qu’on peut vivre libre tout en vivant utopie, absolu, idéal… faudrait juste se livrer un peu, ouais mais c’est prendre des risques et on n’en prendra surtout pas.
Tu te dis que tu veux pas qu’il lise ça, il va encore penser que t’écris qu’à son propos, ouais, mais tu t’en fous t’as qu’à raler t’façon « tu rales tout le temps ». T’as peur un peu, tu voudrais juste qu’on arrête de faire semblant, tu voudrais juste qu’on se fasse confiance ; tu te relis et tu te dis que vraiment tu devrais pas lui écrire, non, ça va encore tout compliquer, mais tu trouves ça tellement facile de fuir dans ta liberté, de te murer dans ta bulle et de continuer de jouer le jeu, t’as surtout peur que ça ne te touche plus, que ça glisse sur toi sans venir s’insinuer dans ton cœur. Alors tu vas lui écrire en flippant qu’il prenne peur en croyant que tu veux des engagements, non, tu sais même pas ce que tu veux, pas forcément le voir plus, pas forcément, juste te sentir belle, femme, désirée, dans ses mots et ses yeux à lui.
Toi t’es pas forte, non, toi t’es peut être un flan, t’es peut être naïve et pas originale, t’es peut être qu’une petite conne. Ouais.
Mais toi t’es au courant, ça t’évite d’être minable.
Commentaires :
"La parole a beaucoup plus de force pour persuader que l'écriture." R.Descartes
bonne continuation
"T’es là à lui donner sa liberté alors qu’il dit qu’il la saisit, peut être parce que t’espères que ce soit toi, sa liberté. " J'aime beaucoup ça."mais tu trouves ça tellement facile de fuir dans ta liberté". Et puis ça aussi, et la fin de cette phrase à vrai dire. j'aime beaucoup le ton en fait, l'article.
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MangakaDine
Soit libre, va. Libre d'aimer comme tu le sens. On se sent si bien quand on sait qu'on aime. Peu importe le sentiment qui nait, ne pas le renier et vivre avec, ça donne un peu des ailes.
Courage.