Ton cerveau est enroué. Sur ton bureau y’a un chat qui pêche ; une tasse de café – fort – évidemment, des surprises kinder, un rétro pété, une gourmette « Céline » trouvée dans le tram, et tout un tas de bidules et de machins. Dans ces brumes fantastiques il t’est permis de superposer les rêves éveillés et le réel ; tu tripes, vraiment. Vous direz, non, t’as juste mal au crâne, t’es un peu en vrac. Ouais. A l’envers, à l’endroit, possibles, probable… Ouais. Et merde, ta touche qui tient plus, ça t’énerve – le thé dans le clavier, il avait pourtant pas soif… Mais quand t’es malade, tu pars – loin, complètement loin. Tu voyages. Tu t’offres des hallucinations provoquées par tes délires, par ton imaginaire. Tu décolles. La difficulté, c’est la concentration. C’est de se focaliser sur une seule idée, sur une seule voix quand on s’adresse à toi, sur ce que dit cette voix, les mots qui sortent de cette bouche et qui sont constitués en phrases qui forment sens. T’essaies de ne pas réfléchir, et ça devient facile. Oui, facile. Simple, normal,… Banal. Mais c’est facile. Tu sais tellement donner le change que t’arrives même à faire comme si. Pourtant, t'as la vue qui se brouille, comme après l'orgasme. Ouais. T'es là, et tu prends ton pied.
Ce soir, soirée. Demain, 8h, départ à la ferme. Retour. 3h de bagnole. Puis boulot, à 15h. Et dire que c’est le week end. Et dire que le prochain, t’as déjà 9h de boulot de programmées. Autant dire que c’est pas pour tout de suite le cocooning sous la couette, au chaud. Pourtant t’aurais bien aimé, te pelotonner dans tes draps, transpirer à grosses gouttes et vider ta boite de Kleenex en enrichissant ta culture cinématographique, fuir ce petit rhume, laisser à l’extérieur toutes les sollicitations, prendre plaisir à entendre frapper à la porte sans ouvrir, couper ton portable, te déconnecter du monde, juste pour une bulle de chaleur. Juste une parenthèse. Hors du temps. Mais tu passes ton temps à faire des pauses. La pause des vacances. Cette pause maintenant. Ouais. Ouais mais entre-temps, t’es quand même plutôt efficace ; t’as un programme pour ton projet, t’as un univers architectural, t’as même un thème conducteur – et pour l’autre projet : t’as ton trip, ton délire à toi, malgré qu’on dise que t’as jeté l’éponge… faudra le communiquer, le dessiner, le maquetter, mais ça tu tripes dessus alors tu le feras même ce week end, tu leur montreras. Ils verront, ça sera class ; ouais, class. Avec du style. Y’a juste le mémoire, qui t’inquiète un peu. Mais ça, ça te fait pas trop peur : il s’agit d’écrire, d’écrire sur un sujet qui te passionne. Alors tu t’en sortiras. Tu lis des sociologues et tu regardes les gens différemment. Tu lis des urbanistes et c’est la ville qui devient autre chose. Ouais. Tu vas le recadrer, ton sujet. T’offrir une belle réflexion bien construite, engagée et discutable, mais argumentée, documentée, intéressante.
Et puis aussi y’a un concours de nouvelles. Rendu : le 15 mars. Thème : le rouge. Enfin il parait. T’aimes pas l’idée d’un concours : ça veut dire être suffisamment prétentieux pour croire qu’on mérite d’être lu. Mais tu es prétentieuse ; d’autant plus prétentieuse que tu crois pouvoir écrire ce texte en très peu de temps, puisque tu n’en as qu’à peine.
En attendant tu bois du thé, en te reposant parce que ce soir ne sera pas de tout repos.
Commentaires :
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ninoutita
Délire conscient ou inconscient (jentends par là provoqué inconsciemment ou pas), c'est pareil, j'aime beaucoup cet article.