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Art et architecture ?

Lorsqu’une artiste écrit, ses mots sont art. Lorsque j’assemble des mots, ils ne sont que des mots. Pourquoi ? Est-ce le statut de leur auteur qui détermine s’ils font art ou non ? Mais ce statut, comment est il légitimé ? Est-ce l’œuvre qui légitime l’artiste ou l’artiste qui légitime l’œuvre ?

En quoi ses mots à elle font ils œuvre ? Par leur projection sur une palissade blanche ? Pourquoi n’aurais je pas également prétention à afficher mes mots sur une palissade ?

Pourquoi un discours est il plus séduisant suivant la forme qu’il prend quand le fond n’a pas changé ? Pourquoi est ce que la manière de dire les choses résonne plus que l’acte lui-même ? Pourquoi et en quoi rappeler le coté premier, primitif, de la construction du mur fait plus sens que le mur lui-même, alors qu’il porte ce sens en lui, dans sa simplicité, sa rigueur, son évidence ? Pourquoi est il nécessaire de signifier que nous utilisons la forme et le vocabulaire du mur, en tant qu’élément premier de construction, pour réinterroger le déchet – la société de consommation – qui nous a éloignés de ce rapport primaire à la matière ?

Ce mur est beau. Ce mur fait œuvre, il fait œuvre d’architecture en tant qu’élément construit impliquant le corps en mouvement dans l’espace. Ce mur fait œuvre en tant qu’il interroge, entre en résonnance, dialogue. Ce mur fait œuvre en tant qu’il ne se donne pas directement, qu’il porte débat malgré son intelligibilité immédiate.

Offrir au déchet une esthétique, c’est rendre légitime la société de consommation qui les produit. Cette production massive d’ordures devient anodine, puisqu’on peut la mettre en lumière pour en révéler des qualités plastiques. Cela pose question. Cela me pose question. Cette société de consommation produit ses détracteurs, mais ceux là même lui donnent une légitimité quand ils pensent la pointer du doigt. Si le propos n’est pas moralisateur, il en devient presque… apologiste. Consommons, balançons, puisque cela fait art, que cela produit du Beau.

Sur quoi nous appuyons nous ? Savons nous même ce que c’est que l’urbain ? En quoi offrons nous un espace public ? Ca n’est qu’une scénographie dans un espace, donnant à voir des œuvres. Ca n’est pas un espace public, appropriable. Ca n’est pas de l’ u r b a n i t é, c’est de l’exposition en plein air. Le propre des artistes de rue est bien de surprendre pour engager le dialogue dans un espace public non prévu pour ça. Nous ne sommes pas des artistes de rue. Nous sommes des artistes de scène, et en cela, ça n’est pas sur un espace public que nous nous produisons, mais bel et bien sur une scène, même si celle ci n'a pas une typologie commune et qu'elle n'a pas en premier lieu cette vocation de scène.

Nous ne faisons pas de r e c y c l a g e. Nous faisons de la récupération. Nous ne donnons pas à voir l’invisible : l’invisible ce n’est pas les palettes on en voit partout chaque jour, l’invisible ce n’est pas les bouteilles plastiques, les canettes, le papier, ce n’est pas le centre de tri – c’est l’homme qui trie en bout de chaine.

Nous nous éloignons du propos. Nous ne savons qu’à peine ce que sont ces deux notions qui sont pourtant l’accroche du projet. Ils ne sont que publicité, poudre aux yeux. Nous sommes simplement des artistes conventionnés, répondant à une commande institutionnalisée, sur un terrain vague.*

                                          

Ecrit par Perfect-plank, le Mardi 4 Mars 2008, 18:54 dans la rubrique Actualités.


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