Mon quotidien m’englue. Vivre vite ça n’est pas vivre libre, c’est vivre seul.
Il veut te lire ? Qu’il te lie. Qu’il t’attache avant que tu ne t’enfuies. Les pieds et poings liés. La vie en passade et puis, une histoire de plus. Dans mon quotidien bancal ce sont les jours qui n’ont plus d’espace : ils n’ont même pas le temps.
Tu te dis que c’était beau ; ouais, ça l’était. Ca devrait l’être encore. Mais l’indifférence n’est qu’une demie mesure et elle vole près, trop près. Nous aspirons à trop ou trop peu pour être décents, quand le désir brûle et qu’il n’a rien à y faire.
Tu veux, tu souhaites, t’espères, mais surtout tu désires, tu attends, tu aimerais, t’es là en attente de quelque chose, tu supportes pas d’être en attente, comme un terrain creusé qui attend ses fondations.
Clapotes. Claviotes. T’en sais rien. Tu l’entends encore respirer là haut. Il doit se demander. Tu t’es levée, tôt, beaucoup plus tôt, pour écrire. Ca reste étrange. Ton temps. Ne parlons plus de temps. Ne parlons même plus d’espace.
Noyons nous, mon ange. Laisse moi me noyer cette fois. Me noyer dans ton indicible. Et quand je sentirai mes poumons se remplir, ce sera de toi.
T’écris plus à ton propos. T’écris sur ce que tu fais. T’écris plus ce que tu ressens. Peut etre ne ressens tu plus rien. Ouais, y’a peut etre un peu de ça. T’aimerais voyager dans des rêves communs et puis il n’y a que l’alcool qui fait illusion. Tu voudrais tellement et tu désires dans le vent. T’as même pas le temps ? Tu peux même pas t’offrir une grasse matinée. T’as envie de tout envoyer balader. Juste pour te sentir vraiment, vraiment libre. Mais t’emmerdes tout le monde avec ta liberté à deux balles qui n’existe pas…
Un coup d’œil à la montre, t’as pas trop le temps. Elle va toujours plus vite que toi, la salope.
T’écris de ce qui t’embarque le plus. Ouais. Alors t’écris boulot. Merde, c’est pas ça la vie. Même si t’aimes ce que tu fais, c’est pas ça. T’as même pas eu le temps de la commencer, cette putain de nouvelle ; t’as le temps de rien, t’as même pas fait les boutiques cette année, t’as à peine été au ski, tu t’es juste permis quelques soirées parce que ça défoule et que t’avais besoin de sortir de toi-même.
Sortir de soi. Devenir différente ; extrapoler. Tu ne te permets que d’écrire. Tu prends ton pied quand t’es enrhumée, la belle affaire. Il doit être fantastique, ton quotidien.
Tu penses déjà à demain. Il est 7h46 et tu penses déjà que demain non plus, tu pourras pas rester pelotonnée dans ton lit. Tu sais déjà que tu pourras pas, parce que c’est pas comme si c’était un cours en amphi, non, là tu t’es engagée, t’as pas le choix. Et tu iras, comme d’habitude. Après ta journée d’une dizaine d’heures. Les 35h, ça marche pas quand t’es étudiant. Non, quand t’es étudiant, faut que t’en chies un peu. Quoi que. C’est pas le cas pour tout le monde. C’est de ta faute, ma belle ; c’est toi qui as merdé là. Tu peux t’en prendre qu’à toi mais si tu commences t’en finis pas. Alors tu le vis, ton quotidien de travers. Tu le vis de travers en essayant de ne pas t’en plaindre. Mais tu râles tout le temps et t’emmerde tout le monde.
T’en peux plus ; tu voudrais juste pouvoir passer une journée entière à toi, seulement à toi. Tu voudrais stopper le temps, juste une petite journée. Mais quand t’étires le temps, il s’accélère en reprenant son cours normal. Et là, tu sais que tu ne pourras pas assurer. Alors tu subis. Tu subis ces cours à la con qui t’en demandent trop, alors que t’aurais pu en choisir un où t’aurais rien branlé, comme les autres. Tu subis ce projet, et t’arrives plus à te projeter dans le tien. C’est quoi un archi qui se projette pas ?
Est-ce qu’on est vraiment quelqu’un quand on n’a plus la sensation de l’être ? Est-ce qu’on existe réellement quand on se résume à rien ? Est-ce que j’existe encore ?*
Commentaires :
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passionnee-par-les-reves
C'est un texte que j'aurais aimé savoir écrire, j'aurais aimé savoir trouver ces mots pour raconter cette vitesse, ce temps qui t'attends pas, les cours qui sont pas comme ceux des amphis, l'engagement. J'aurais aimé savoir posé les questions de la fin et ne pas avoir que des réponses qui se balladent à l'abandon.
Avoir une sensation prouve que t'es encore en vie, non? Delà à être quelqu'un, physiquement, oui, pour le reste, sûrement...