Me sentir étrangère. Aimer cette putain de ville. Même si elle est polluée. Même si d'un peu plus haut on peut voir cet énorme nuage gris au dessus. Je l’aime, c’est comme ça. Je l’aime quand il pleut, je l’aime quand il fait soleil, je l’aime quand il vente. Je la parcoure et elle se laisse faire, en docile maitresse. Je la foule et la maltraite, je peux même lui cracher au visage ; elle restera de marbre. Cette ville est à facettes multiples et son corps m’a nourrie et bercée ; je me sens en sécurité en son sein puisque j’y suis née une seconde fois. Elle m’a adoptée ou bien je suis venue la parasiter, je ne sais pas bien. Et sa peau tuméfiée continuera d’encaisser coup après coup, sutures multiples, verrues apparaissant au gré des lubies. Je prends et ne donne rien.

Réagir aux sentiments. Ces sensations qui manquent de cohérence et puis, on n’est pas très sûr de vouloir s’y égarer et puisqu’on n’en a pas de carte on est perdus d’avance. Pourtant, elles sont peut être plus réelles que tout ces intuitions sensitives – et je m’y noierai bien trop vite, malgré la raison qui souffle insidieusement sur l’envie. Leur intangible laisse place à tous les imaginaires, porte ouverte à tous les impossibles.

Mais une barrière en reste une malgré qu’on veuille y voir un pont.

C’en est exaspérant mais le superflu du sur-joué reste, laissant comme une sensation de trop plein. Et puis qu’est ce que ça change aux destins croisés par hasard, sinon d’y ajouter un peu plus de flou, un peu plus de complexité, et une certaine adversité. L’évidence ne regarde personne. Elle se lie d’elle-même sans avoir à être parcourue par des yeux étrangers. Merci quand même, et puis, sans rancune hein. C’est rien qu’un peu d’encre qui s’est égarée en prenant l’eau, qui fuit sans vraiment savoir pourquoi, comme pour éponger la rumeur sourde. Ca n’a pas tellement d’importance même si l’impression persiste, éphémère inutile, qui s’évadera sans histoire.