Ne pas franchement savoir ;
il y a ceux qui partent, ceux qu’on rencontre, ceux qu’on ne fait que croiser,
et puis ceux avec qui on partage un peu plus. Il y a la vie, il y a l’envie, il
y a le désir et puis le sexe aussi, bien sûr. Sans oublier la peur, le passé, l’histoire
et puis l’avenir – surtout le présent, en fait.
Voilà. Un week-end s’est écoulé.
On est dimanche soir, je crois. La semaine prochaine je pars en Egypte. Je ne
sais plus si j’en ai envie. Mais il faut bien partir, maintenant.
Il y aura encore et toujours l’absence,
récurrence évidente et sans appel. Il y a le doute, insidieux et stupide, qui
plane au dessus de nos têtes. Il y a l’alcool comme une facilité ;
compromis dans une fuite, encore.
Se noyer de travail. Et puis
parfois s’affaler dans le rien, battre les pavés à la recherche de rien, t’as
même pas pris ton appareil photo, espèce d’idiote. Mais tu continues de marcher
sans but, tu squattes des marches, te laisses caresser par un rayon de soleil,
t’aimerais lire un peu ou t’écrouler là dans la rue, au milieu de rien. Parce
que tu t’y sens à ta place.
Des lèvres effleurées à l’amer
goût de doute – tu te perds, tu t’y perds, diluée, fracturée, éparpillée. Mais
non, ça serait trop facile, t’es vraiment là et rien ne manque, sinon d’y
croire encore. T’as fait plein de rêves cette nuit. Etranges, saisissants. Presque
réels.
T’as digéré ses paroles. Tu les
as ingurgitées, bues, tu les as laissées t’avaler ou se fondre en toi, cela
importe peu. Tu te dis qu’il aimerait sans doute que tu arrêtes. Puisque tu n’es
pas dans la grande immense superbe philosophie du projet – toi t’essaies juste
de rendre les choses plus que possibles mais intenses, plus que simplement
faites mais riches, tu ne parviens pas à te satisfaire du c’est fait, c’est
comme ça et il est là le problème. T’as plusieurs solutions, arrêter ça
serait facile finalement, déjà lui il t’a clairement dit que tu n’avais pas ta
place, alors dire ciao bye bye démerdez vous sans moi ça serait tellement
simple. Continuer finalement c’est la solution la moins évidente, et c’est
pourtant celle que tu t’es efforcée de suivre jusqu’à lors. Continuer sans te
dénaturer, continuer sans pour autant abandonner ta vision des choses et les
questions que cela te pose, continuer comme tu es quitte à être montrée du
doigt, quitte à être en marge, quitte à ne pas plaire, quitte à déranger. Mais
finalement, tu les emmerdes, visiblement. En tous les cas, tu l’emmerdes, lui,
pour ce projet-là. Alors quoi ? Quitter le navire ? Tu voudrais lui
en parler d’abord, mais finalement lui il s’en branle, t’es quand même pas grand-chose,
faudrait pas croire. Sinon tu serais encore – petite prétentieuse –.
T’es encore là à écrire boulot.
Ouais, écrire boulot. Mais c’est très lié à ta vie, sentimentale aussi. Il y a
des choses à propos desquelles vous ne serez sans doute jamais d’accord. Mais l’incohérence,
l’absence de rigueur, l’inefficacité, et cette forme de lâcheté ne trouveront jamais
de justification à tes yeux. Parce que se justifier, c’est trouver des
explications a posteriori, et que t’as jamais fonctionné comme ça – toi, tu
argumentes, de manière raisonnée, hiérarchisée et logique. Tu construis en
déroulant dans le temps, assise après assise. Tu ne sais pas faire autrement.
Tu ne sais pas vraiment quoi en
penser. Arrêter. Continuer. Quoi que tu fasses on te pointera du doigt. Quoi
que tu fasses ça ne sera pas de la façon dont eux l’auraient voulu.
Tu te sens brouillée. Brouillée,
oui, c’est le mot. Floue. Tu discernes mal tes propres contours, et ça tombe
bien puisque tu as la prétention de vouloir être sans limites…
Cette question de l’orgueil,
récurrente. Il dirait que c’est parce qu’elle te touche, qu’elle t’atteint. Tu
répondrais que c’est parce qu’elle t’amuse. C’est facile, de se cacher derrière
l’orgueil pour expliquer chacun de tes actes, chacune de tes pensées. C’est
facile et ça évite de chercher plus profond.
Il y en a qui te disent que tu as du courage, de faire autant de choses. Il y en a qui te disent que tu es impressionnante, à mener tes activités de front, ils te disent qu’ils trouvent ça bien, que c’est beau de trouver la force et l’énergie d’en faire autant. Il y a lui qui ne dit rien, qui s’en fout, qui te dit que tu ne peux pas te plaindre, que tu n’as pas le droit de dire ta fatigue. Tu sens les larmes qui montent quand tu y penses. Les yeux qui piquent, tout ça. Ca te met en colère. Est-ce que ce n’est pas lui qui devrait le plus te soutenir ? T’as l’impression qu’il veut t’étouffer. Non, pas par sa présence, ah ça non, mais par sa manière de ne jamais rien trouver de bien ou de beau en toi. A part ta gueule, bien sur. A part tes sourires à moitié faux. T’en sais plus rien, au juste. Non, t’es pommée. Il t’a pommée cette fois, tu veux dire, par rapport à lui. Poursuivre ou non, te déconstruire ou partir ; t’es comme un tricot dont on tire un fil, là t’es bientôt à poil on dirait. Mais t’es un peu masochiste, il parait.
Commentaires :
Re: De la ou, sur les claviers, il n'y a pas d'accent au-dessus des lettres...
On connait l'air, mais pas la chanson...
Re: De la ou, sur les claviers, il n'y a pas d'accent au-dessus des lettres...
Y a que Souchon, ou peut-être Jane, qui pourrait nous parler de ce genre de... comédie.
On t'a pointée du doigt. Tu l'as encaissé, parce que tu n'avais pas d'autre choix. Tu as même réussi à te convaincre que tu l'as fait par amour. Et de fait, tu n'avais pas d'autre choix que celui de l'aimer. Malgré tout.
Mais malgré toute la passion que tu as su mettre dans tes regards, il est parti.
Dans ta volonté d'exister à ses yeux, tu as tenté de lui faire du mal. Tu as donné toutes tes ruses de séduction, tous tes conseils de grand-mère aigres-doux. Tu lui as balancé ta liberté au visage, tu as feint que tu ne voulais pas t'engager en priant au détour des églises de ta rue, qu'il réagisse.
Mais sa fierté n'a pas réagi. Même dans l'épreuve de ta liberté que tu donnerais au premier passant pour ne plus avoir à la porter, il ne t'a pas regardé. Et il t'a laissé seule.
Seule avec ton envie d'être kidnappée pour ne plus partir. Partir, c'est la seule chose que tu as toujours su faire. Quitter l'autre pour l'Autre. L'ailleurs est toujours plus palpitant que l'engagement.
Ici, tu as le temps de sentir l'angoisse du néant tandis que prise dans le quotidien de l'ailleurs, tu ne te reconnais plus. L'Autre te chamboule trop pour que tu aies le temps de prendre du recul. Alors tu prends de l'avant.
Seulement cette fois, tu aurais donné ta vie pour qu'il te demande de rester. Mais il n'a pas réagi. Par fierté, il a préféré ne rien dire et il en a même profité pour te quitter définitivement.
Tu as été son gôut d'ailleurs, le piquant de son quotidien pendant quelques instants, mais il a repris sa vie, ses repères. Il n'a pris aucun risque, surtout pas celui de t'aimer, parce qu'il savait que ça lui coûterait réellement. Tu ne fais pas partie de celles avec qui on vit à côté. Toi, tu es en quête d'absolu et tu n'aurais pas supporté ses absences et sa vie de solitaire. Tu aurais tout voulu vivre avec lui, donner toute l'énergie de l'incertitude. Tu aurais voulu aimer.
Lui, il a trop souffert pour ça. Pour aimer réellement. Lui, il veut juste quelqu'un qui l'attende en rentrant. Pour ne pas être seul. Mais il te l'a dit...Il ne veut pas vivre "qu'avec elle". Surtout pas.
Alors toi, tu t'es réveillée ce matin, coincée dans les bras de la déception. T'y avais tellement cru que ç'en est minable. Cette histoire est devenue minable de prise de risques. Il n'y a eu qu'une ébauche, et il ne t'a pas laissé l'aimer. Il a seulement pris. Un peu. Et puis il a fui.
Alors fuir, c'est maintenant tout ce qu'il te reste. Mais même partir devient difficile. Pour l'instant, il faut déjà que tu te lèves, que tu te relèves. Que tu parviennes à déglutir le gôut âcre de l'homme lâche qui ne t'a pas aimé.
Et surtout accepter que tu es minable. Les autres t'avaient prévenu pourtant.
Rien
Le rien...Il ne te reste plus que ça ce soir.
Le rien a dépassé les souvenirs, a surplombé l'angoisse du temps. Il a tellement bien fonctionné, que de l'espoir du tout, tu es passé au vide du rien.
T'es même pas déçue au fond. Tu n'aurais aucune raison de l'être puisque tu as tout accepté. Puisque c'est toi qui as mené les règles du jeu.
Seulement, tu es une femme. Et bêtement, innocemment, tu y as cru. Depuis le temps qu'on te parle de prince charmant, toi aussi, tu as fini par tomber dans le panneau.
Seulement maintenant, tu sais qu'il va falloir que tu vives avec. Parfois, cela apaise ta solitude...de te dire qu'IL existe. Qui peut dire qu'il a ressenti cette phrase avec autant de conviction "C'est lui..." ?
Maintenant, tu sais que malgré le temps qui passera, il appartiendra connement à ton coeur. Non pas comme une vraie fille. Non. Juste parce que tu le sais. Ca a été une évidence, pour lui comme pour toi.
Seulement maintenant, il va falloir tout reconstruire. Apprendre à continuer ta vie en sachant qu'il existe, que lorsque vous vous êtes vus, vous avez ressenti le même déchirement, la même plaie qui s'ouvre sur le vide de l'impossible.
Mon dieu...Tu donnerais tout pour qu'il te serre dans ses bras une dernière fois. Même pour qu'il salisse votre histoire. T'aurais voulu qu'il te balance à la gueule qu'il ne t'a jamais aimé, que tu n'as été qu'une maitresse parmi tant d'autres. Mais même ça, il n'a pas voulu te le donner.
Il t'a simplement donné son coeur. Et il te l'a repris.
Tout et Rien.
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De la ou, sur les claviers, il n'y a pas d'accent au-dessus des lettres...
On s'attache avec des fils,
Des serments d'amour inutilement.
On s'aime et c'est tellement dur.
On s'crie dessus, on s'griffe la figure.
On se regarde toujours si durement.
{Refrain:}
Dis-moi que tu les abandonnes,
Ces baisers, ces tourments
Donnés par les autres personnes,
Avant.
J'en ai des mots d'amour qui sonnent,
Mais maladivement
Cachés, comme chez les autres hommes,
Dedans.
On s'aime et le vie veut qu'on joue
Des rôles qui nous coulent sur les joues.
Comme deux capricieux, capricieusement
Jaloux de la pluie qui touche tes cheveux,
Jalouse des choses que voient tes yeux,
On se regarde toujours jalousement.
{Refrain}
Un jour, on va partir dans l'air
Et la vie sera
Passée tout contre toi,
J'espère...