Y’a toujours un moment où il faut que les choses s’arrêtent. Ou changent. Un moment où à force d’être sur le fil on commence à l’avoir qui rentre dans la chair ou à complètement glisser sur lui. L’instant où les choses basculent, dans un sens ou l’autre, comme on l’avait espéré ou pas.  La fraction de seconde où d’un coup, d’un battement de paupières, on ne voit plus tout ça de la même manière. Alors bien sûr y’a l’optimisme, qui ne quitte pas tes lèvres abîmées. Mais y’a quand même le fil, et tu te casses un peu la gueule. Un peu comme les vieilles alcooliques qui donnent encore le change alors qu’elles viennent de rater la marche.

Oui, c’est pas si simple en effet. La vie, les gens, tout ça. Dès que tu commences à être moins de trois, ça se complique. Parce qu’en groupe on est tous un peu con, tous un peu pareils, on regarde les gens qui dansent et puis on finit par faire comme eux, avec plaisir en plus. Et puis ce gars là qui la colle contre le mur en lui fourrant sa langue dans la bouche, tu ne comprends plus trop ce que ça peut avoir de bon en y regardant bien, vu d’ici. Oui, vu d’ici ça donne pas très envie, et t’as plus trop envie toi non plus. Il manquerait plus que tu te battes maintenant, ou que tu te mettes à courir. Non, courir c’est pour le boulot, et c’est déjà pas mal comme marathon.

Ces connards de pigeons ils ont quand même la belle vie.