Ça faisait longtemps.

Des amoureux qui se bécotent sur le quai. Ca m’énerve, un peu. Pourquoi ? Parce que je vais on ne sait où, avec je ne sais qui, que cette fois le train part et que je suis à l’intérieur.

Mais qu’est ce que j’ai fait ? Ai-je perdu ? Perdu quoi ? La raison ?  

Surprise. Epatante. Epatée ? Un peu, sans doute.

Jouer à être une caricature. Caricature de femme fragile, de salope, caricature d’idéale ; se glisser dans les rôles qu’il me distribue à tour de… rôle, qui me vont comme un gant.

Jouer de ses mots, jouer de ses lèvres, jouer de ses bras. Jouer de son corps et de son cœur et puis… Et puis quoi ? Me sentir forte ? Heureuse, ou dingue ou peu importe quoi, si ce qui compte c’est le plaisir… Droguez le à vos mots. Donnez lui la certitude que vous lui appartenez. Offrez lui ce que vous avez de plus beau en vous : votre indécence face à la peur. Il dira que ça n’est pas un jeu ; non, mais la vie n’est qu’une partie de dés… pipez les.

Leur servir du beau jusqu’à plus soif, leur donner l’incertitude à la place de l’indulgence : croire à l’impossible et se sentir libre, libéré de toute chose ; planer un peu et oublier de porter les masques.

Jouer un jeu dangereux et avoir peur de s’y brûler, de s’y noyer, de s’y étouffer, de s’y perdre. Et puis : partir, falsifier mon visage, travestir mes impossibles, perdre ou gagner, et alors ?

Rêve d’idéal ; ne connait pas la demie mesure, mais, risques mesurés ou non, ne pas détruire quand on touche à plus grand que soi.